jeudi 29 janvier 2015

Cerveau Créatif



Tous les êtres humains naissent avec un potentiel de créativité

Dès le début du xxe siècle, le psychologue français Alfred Binet propose de prendre en considération l’imagination dans l’évaluation de l’intelligence, en élaborant des épreuves où les enfants peuvent fournir plusieurs réponses à une même question. Malheureusement, l’outil imaginé par Binet sombrera dans l’oubli et le concept d’imagination ou de créativité ne stimulera guère les chercheurs français par la suite. C’est aux États-Unis qu’il a pris son essor, au milieu des années 1950.

La créativité peut être définie comme la capacité à générer des idées originales qui ajoutent de la valeur dans un domaine donné  la science, l'art, la gestion d'entreprise, de la nourriture, etc.  Les êtres humains sont créatifs par nature. Ils font constamment des choses créatives, parfois sans s'en rendre compte: ils ressoudent de petits problèmes, inventent de nouvelles phrases que personne n'a jamais parlées avant, inventent des solutions, etc.

Ainsi, une idée, un concept, une production artistique, pour être considérés comme créatifs, doivent, d’une part, se distinguer de ce qui a été précédemment proposé et, d’autre part, satisfaire les contraintes de l’environnement où ils s’expriment.

La créativité n’est pas un don, elle s’acquière, se développe ou s’éteint en fonction de l’environnement.

A la naissance, un bébé dispose d’environ 100 milliards de neurones, dont la plupart ne sont pas reliées les unes aux autres et ne peuvent pas fonctionner de façon autonome. Il faut que des réseaux neuronaux se constituent, ce qui requiert des milliers de milliards de points de contact (ou synapses) entre neurones.

Ces synapses font partie des miracles du corps humain et dépendent à la fois de la génétique et du vécu des premières années. Parmi les nombreux facteurs qui influencent le développement cérébral des jeunes enfants, aucun n’est plus important que les soins et l’affection prodigués au cours de la première enfance.

Chaque contact, chaque mouvement et chaque émotion se traduisent par une activité chimique et électrique qui contribue à l’évolution prévue par les gènes tout en modifiant légèrement les réseaux neuronaux de l’enfant. Les relations humaines sont aussi importantes pour le développement des synapses que l’alimentation, la stimulation auditive et la lumière.

Le cerveau se développe pendant l’enfance à un rythme qui ne sera jamais plus égalé par la suite.

Durant les premières années de la vie, le cerveau est très vulnérable : les relations des parents et de l’entourage avec l’enfant ont des effets profonds sur les structures et les circuits cérébraux, sur le développement global de son cerveau, qui n’atteindra sa maturité qu’à la fin de l’adolescence.

Tout ce que va vivre l’enfant, toutes ses expériences affectives, relationnelles vont s’imprégner au plus profond de lui, dans son cerveau, modifiant, modelant, ses neurones, ses circuits cérébraux, ses molécules cérébrales, ses structures cérébrales et même l’expression de certains gènes.

Les soins et l’affection prodigués pendant la première enfance influencent de façon décisive et durable le développement des enfants, du plus jeune âge à l’âge adulte, ainsi que leurs facultés d’apprentissage et de maîtrise de leurs émotions.

La créativité est la clé d’une compréhension plus approfondie. L’apprentissage et l’enseignement créatifs et expérimentaux transforment de jeunes apprenants en penseurs capables d’explorer leurs intérêts en utilisant leurs forces créatrices.

Le Dr Shelley Carson, une spécialiste de l'étude du cerveau créatif, psychologue à l'Université de Harvard et auteur de "Votre cerveau créatif: 7 étapes pour maximiser l'imagination, la productivité et l'innovation dans votre vie», explique que l'impact des gènes dans la créativité humaine ne vont pas au-delà de dix ou quinze pour cent. Il y a sept étapes associées à la créativité mentale, que nous pouvons tous améliorer et développer : connecter, raisonner, visualiser, absorber, évaluer et découler. Le secret est de développer de nouvelles connexions neuronales qui mettent les stades, les uns avec les autres, reliant les différentes zones du cerveau impliquées dans le processus créatif.

Les psychologues cognitivistes considèrent la créativité comme la capacité à résoudre des problèmes de toute sorte et qui se développe à partir d'un âge précoce. Tous les êtres humains naissent avec un potentiel de créativité; La créativité n'est pas seulement le privilège de musiciens, peintres, écrivains et artistes ; tous peuvent faire preuve de créativité dans tous les domaines de leur vie.

Développer la créativité permettra aux enfants de raisonner, se questionner, rechercher des solutions novatrices aux problèmes de tous les jours.

L'exposition aux objectifs créatifs à un âge précoce est la clé pour aider les enfants à se motiver à faire des choses créatives par eux-mêmes.

Une fois que l'enfant montre l'amour de l'apprentissage, il est important de s'assurer qu’il sera stimulé intellectuellement  à l'école.

Il est conseillé aux parents ayant des enfants qui ont ces intérêts passionnants de suivre le courant, d’être curieux de découvrir les passions de leurs enfants et de faire quelques recherches pour trouver des enseignants, des cours et des activités qui favorisent le talent de leurs fils.

Parfois, l'enfant a des talents et des passions différents à ceux de ses parents. Ceux-ci devraient avoir l'esprit ouvert, et encourager les véritables intérêts de leurs enfants, au lieu de les contraindre à prendre un chemin différent.

Ce qui motive un enfant pour être créatif est une combinaison de hérédité et des qualités uniques de l'individu.

Pour stimuler la créativité au foyer, la première chose à faire est de créer une atmosphère familiale où règne l'acceptation de chacun des enfants avec leurs caractéristiques, leurs capacités et leurs difficultés. Les reconnaître comme des êtres humains uniques et différents aux parents, ayant de nombreuses ressources pour réussir.


Il y a plusieurs façons de stimuler l'imagination créatrice chez les enfants


* Par le jeu, lui offrant des matériaux avec lesquels ils peuvent s’exprimer librement, comme la pâte à modeler, l’argile, les blocs de construction, des éponges. Le laisser concevoir et créer librement par la manipulation, sans censure ni critique.

* Avec des fournitures de peinture, des aquarelles, des stylos, des marqueurs. En utilisant des papiers à grande surface, sans lui donner à copier un dessin ou modèle déjà établi.

* En Utilisant des objets jetables pour que l'enfant invente ses propres jouets. Une marionnette avec un sac en papier, un camion avec une boîte à chaussures, etc.

* Faire preuve de souplesse dans l'utilisation de différentes procédures à l’heure de jouer. Par exemple, quand il fait une maison, sans blocs, mais avec des boîtes.

* Valoriser les efforts créatifs  les récompenser quand ils essaient de nouvelles choses ou les font différemment.

* L’encourager verbalement quand il donne une réponse originale à une question ou un problème.

* Encourager son aisance verbale et vocabulaire pour qu'il ait les ressources nécessaires afin de lui permettre de mieux exprimer ses idées.

* Favorisant, par exemple, la flexibilité de la pensée, en l’aidant à voir qu'un problème peut avoir plusieurs solutions.

* Les jeux de rôles et des spectacles de marionnettes, danses, costumes, avoir une cachette ou un abri, avec lesquels il pourra inventer ses rôles et sa propre aventure.

* Lui lire des histoires chaque jour, pour lui laisser libre cours à la fantaisie et à l'imagination.

* Encourager les jeux de simulation et les jeux qui nécessitent imagination, surtout chez les enfants de moins de 6 ans.

* Fournir un environnement «enrichi» pour les jeunes enfants, propice à la créativité.

* Faire des plans amusants et rompre la monotonie quotidienne.

* Fournir des objets différents et intéressants pour les observer, avec une variété de couleurs ; les changer régulièrement.

* Laissez-vous surprendre au cours d'une activité créatrice comme la lecture, l'écriture, la peinture ou en jouant un instrument de musique.

* Encourager l'expression "ce qui". ("ce qui" dans des questions telles que «Peux-tu imaginer "ce qui" serait l'herbe si elle était rouge au lieu de verte?» Ou «ce qui» serait si nous vivions dans le ciel et nous pouvions voir notre maison en bas?).

* Le mettre en rapport avec des activités créatives telles que les musées d'art, les concerts et les spectacles.

* Le mettre en rapport avec d'autres enfants créateurs, peut-être par le biais des cours d'art ou le théâtre.

* Limiter le temps qu'ils passent à regarder la télévision.


Encourager et stimuler l’imagination chez l’enfant

Toute nouvelle stimulation sonore ou visuelle provoque en lui de nouvelles sensations et lui ouvre les portes d'un monde plus vaste et plus excitant.

Pour stimuler son imagination, lisez-lui des histoires se déroulant dans des contrées lointaines, avec des personnages imaginaires. Vous pouvez aussi lui choisir des livres d'images qui enrichiront son vocabulaire et l'aideront à se représenter les choses : comment imaginer être une tortue quand on n'en a jamais vue ? Choisissez des livres remplis de grandes images colorées et appréciez le fait que vous puissiez encore inventer ce que vous voulez. Quand votre enfant saura lire, il insistera pour que vous respectiez strictement le texte. 

Tout ce que demande le cerveau de votre enfant pour le moment, c'est de recevoir des informations. Montrez-lui des images de coccinelle ou de chats, imitez le cri de certains animaux et le bruit de véhicules. Donnez une voix différente aux personnages que vous incarnez et évoquez ce qu'il est arrivé ou ce qu'il pourrait arriver aux personnages. N'abusez pas de la vidéo ni de la télévision, qui travaillent à la place de l'imagination de votre enfant. Laissez votre enfant se représenter mentalement ses propres images.

Les enfants apprennent beaucoup en inventant des histoires autour d'événements issus de leur quotidien et de leur imagination. Quand votre enfant invente un scénario et une intrigue avec des personnages, il développe ses capacités sociales et verbales. Ces saynètes dans lesquelles il rejoue la tristesse, la joie, la peur ou encore le sentiment de sécurité, l'aident à régler ses petits problèmes émotionnels. 

Jouer au super-héros, au cheval ou au sorcier l'aide à se sentir plus fort et à prendre conscience qu'il est responsable. Votre enfant apprend aussi l'autodiscipline en établissant des règles pour lui-même ou pour ses camarades. Ces fameuses règles élaborées entre enfants et qui surprennent toujours tellement les adultes. Ces créations aident également votre enfant à comprendre le lien entre cause et effet en imaginant par exemple comment une grenouille ou un chien se comporteraient dans une situation donnée.

Le plus important peut-être, c'est qu'en inventant des situations imaginaires et en leur offrant une conclusion, votre enfant apprend à faire preuve de créativité et à surmonter des obstacles. Une étude a non seulement démontré que les enfants imaginatifs dans leur petite enfance conservaient cette qualité lorsqu'ils grandissaient, mais aussi qu'ils avaient plus de facilité à résoudre les problèmes. Les enfants qui faisaient preuve d'imagination dans leur enfance ont démontré plus de ressources pour faire face aux défis et aux situations difficiles.

Les changements qui surviennent dans le développement de l'enfant au cours des premières années de sa vie sont exceptionnels. Les professionnels ainsi que les personnes qui en prennent soin, constatent l'évolution de l'enfant à mesure que celui-ci commence à sourire, à rire, à s'asseoir, à ramper, à gazouiller et à parler. 

L'enfant commence à socialiser et à jouer en collaboration avec d'autres enfants. Il acquiert les capacités nécessaires pour s'entendre avec les autres, comme attendre son tour, partager et suivre des instructions. Il apprend également les compétences qui l'aideront dans son parcours scolaire telles que dessiner, compter, lire et écrire.

Le développement du jeune enfant suit habituellement une séquence. L'enfant doit maîtriser une habileté avant de pouvoir en acquérir une autre. Cela dit, chaque enfant se développe à son propre rythme. Il arrive qu'un enfant prenne plus de temps à maîtriser une nouvelle habileté ou, encore, qu'il semble sauter une étape dans la séquence prévue selon son rythme de développement.

Promouvoir la créativité, par exemple, aide les enfants à s'épanouir et à apprendre. Encourager la créativité les aide aussi à développer de bonnes aptitudes à résoudre un problème qui leur seront utiles dans toutes les facettes de leur vie.

Vous pouvez promouvoir la créativité en encourageant votre enfant à trouver de nouvelles idées, en la félicitant pour ses idées, puis en lui expliquant pourquoi certaines idées valent mieux que d'autres. Vous pouvez aussi dire qu'une idée peut fonctionner en partie ou être combinée à une autre pour en faire une nouvelle idée, bien meilleure.

Dites à votre enfant que vous croyez qu'il est créatif et que vous n'accordez pas d'importance à ce que les autres pensent de ses idées ou de ses capacités. Il serait bon aussi de lui dire qu'il y a souvent plus d'une solution à un problème. Laissez votre enfant vous guider. Peu importe son champ d'intérêt, qu'il s'agisse des ondes radio ou des crocodiles, encouragez le à l'approfondir. 

Enfin, essayez d'avoir un esprit créatif et parlez de ses idées avec lui et les autres membres de la famille.


lundi 26 janvier 2015

Plasticité Neuronale chez l'Enfant




La plasticité neuronale est la clé du développement neurologique infantile

La plasticité neuronale, neuroplasticité ou plasticité cérébrale sont des termes génériques qui décrivent les mécanismes par lesquels le cerveau est capable de se réorganiser  former de nouvelles cellules cérébrales et de nouvelles connexions de traitement de l'information entre les réseaux de neurones et les connexions de ces neurones.

Le cerveau est ainsi qualifié de "plastique" ou de "malléable". Ce phénomène intervient durant le développement embryonnaire, l'enfance, la vie adulte et les conditions pathologiques (lésions et maladies).

Les synapses, zones de contact fonctionnelles entre deux neurones, sont spécialisées dans la transmission nerveuse. Elles évoluent avec le temps: certaines disparaissent, d’autres se créent, mais toutes se modifient et renforcent, lors d’une activité. La plasticité synaptique est à la base des processus d’apprentissage et de mémorisation, indépendamment d’une lésion.

La plasticité neuronale est avec la neurogenèse adulte, une des découvertes récentes les plus importantes en neurosciences et montre que le cerveau est un système dynamique, en perpétuelle reconfiguration.

Longtemps, les scientifiques ont cru que le cerveau, une fois mature, se caractérisait par la stabilité de ses connexions, jugées immuables. Depuis une trentaine d'années, cette vision de la structure et du fonctionnement cérébral a volé en éclats. Grâce à la plasticité cérébrale, le cerveau modifie l'organisation de ses réseaux de neurones en fonction des expériences vécues par l'organisme.

Une décennie de recherche a montré que des changements sont susceptibles de continuer après la période de l’enfance et que ces changements des patrons d’activations neuronaux dépendent de l’expérience.



La plasticité est une propriété présente à tous les niveaux d’organisation du cerveau

* Au niveau des molécules, les récepteurs possèdent plusieurs états ou configurations qui permettent de modifier la transmission de l’influx nerveux ;

* Au niveau de la synapse, l’ensemble des molécules est régi par l’activité, avec notamment le recrutement de nouveaux récepteurs vers la membrane (exocytose, traduction locale, etc.) ;

* Au niveau du corps cellulaire, l’expression génétique est également modulée par l’activité des différentes synapses ;

Dendrite
* Au niveau des axones et des dendrites, les prolongements se réorganisent en fonction de l’activité des synapses et des neurones en contact, ainsi que des interactions avec la glie environnante ;

* Le neurone est susceptible de se développer ou de régresser en fonction de son implication dans un réseau (plasticité neuronale) ;

* Le réseau lui-même change ses connexions internes et externes constamment au cours du temps (plasticité cérébrale) ;

* Le cerveau est enfin capable de produire de nouveaux neurones (neurogenèse)


La neuroplasticité se produit dans le cerveau dans les situations suivantes


* Pendant l'enfance et l'adolescence, jusqu'à l'âge adulte: quand le cerveau immature organise lui-même.

* Pendant l'âge adulte: chaque fois qu’il se forme un nouveau souvenir, s’apprend quelque chose de nouveau, ou se développe une nouvelle compétence.

* En réponse à une lésion cérébrale, une maladie ou des troubles cérébraux génétiques: pour compenser les fonctions perdues ou maximiser les fonctions restantes.

Cette plasticité disparaît au contact de 5 facteurs


* si nous sommes soumis à un stress du monde urbain important (pollution sonore et visuelle),

* si nous consommons de façon chronique des psychotropes,

* si nous cessons de faire des efforts physiques (sédentarité),

* si nous sommes isolés socialement,

* Mais aussi lorsque nous cessons de nous émerveiller.


Développement du cerveau

Le développement du cerveau se fait normalement durant la gestation, les neurones produits se retrouvent à certains endroits précis dans le cerveau au moment de la naissance.

La neurogenèse et la migration des neurones vers leur emplacement dans le cerveau. Ce sont des mécanismes génétiquement déterminés. Et, déjà avant la naissance, des connexions entre les neurones se créent. Ce processus, appelé synaptogenèse, se poursuit après la naissance à un rythme effréné et le résultat est que le nombre de synapses chez un jeune enfant devient très élevé, le nombre de connexions synaptiques étant bien plus élevé que chez un adulte.


Dès la dix-huitième semaine de la grossesse, la plupart des 100 milliards de neurones, dont une fraction importante va mourir, principalement durant la période fœtale, sont constitués et ont trouvé leur destination.

Le cerveau du nouveau-né est hautement plastique. Il se modifie et se complexifie avec la mise en place d’une immense quantité de synapses après la naissance, sous l’influence conjointe de facteurs génétiques et des expériences vécues (dont les apprentissages).

À chaque minute de la vie d’un bébé, 2 millions de synapses se mettent en place. Cette vitesse diminue ensuite et la quasi-totalité des synapses est organisée vers l’âge de 15-20 ans. Il reste cependant de la plasticité chez l’homme adulte, qui continue à apprendre.

Après la naissance, l’émission d’axones et de dendrites et l’établissement des synapses forment tout d’abord un réseau diffus qui peu à peu se précise et s’affine, par tâtonnements, essais et erreurs. Certaines synapses sont sélectionnées, consolidées et renforcées (mémorisation), d’autres se défont (les terminaisons des axones se rétractent, s’affaiblissent ou dégénèrent).

Par ailleurs, chez le nouveau-né, les voies de communication neuronales ne sont pas ou peu fonctionnelles, car elles ne sont pas encore entourées de myéline. La myélinisation des axones est un processus lent qui se termine au niveau du lobe préfrontal du cerveau dans les zones impliquées dans les capacités de raisonnement et de contrôle émotionnel vers l'âge de 25 ans.

La mise en place des synapses ne se fait pas de façon homogène dans le cerveau. Le rythme de maturation est différent selon les régions cérébrales. Les aires sensorielles, comme le cortex visuel par exemple, arrivent à maturité les premières. Le cortex préfrontal et certains noyaux gris centraux mettent plus de 15 ans à arriver à maturité et peuvent d’ailleurs continuer à se modifier toute la vie durant.

Coexistant avec une organisation sophistiquée innée du cerveau, les circuits neuronaux sont, après la naissance, hautement plastiques, ce qui permet les apprentissages (dont certains qui sont loin d’être naturels comme la lecture par exemple) au fil desquels ils évoluent et se stabilisent.

Même lésé, le cerveau garde une grande capacité à apprendre. Il peut récupérer une fonction perdue ou développer des méthodes de compensation. Il a un grand potentiel à s’adapter tout le temps, à refaire des connexions. D’ailleurs, tout apprentissage reflète sa plasticité.

Pendant cette longue période de croissance, le cerveau de l'enfant reçoit des signaux du monde extérieur, interagit avec son groupe social et l'imite.


L’environnement conditionne les capacités cognitives

De même que la maturation des aires sensorielles requiert des expériences d’ordre physique (la lumière par exemple), le développement des fonctions cognitives dépend de signaux de l’environnement et des interactions sociales qui leur donnent du sens.

La lente mise au point des synapses jointe à l’imbrication des périodes sensibles offre à l’enfant un éventail très large de combinaisons synaptiques, pendant une période où l’apprentissage est massif. Ces combinaisons sont modelées par les interactions avec l’environnement physique, affectif, émotionnel, social, culturel ainsi que par l’apprentissage et l’éducation.


Loin de naître avec un cerveau vierge, l’enfant vient au monde équipé d’un patrimoine inné très important de savoirs, de capacités et de compétences.

Dès la naissance, le bébé humain a la capacité innée de percevoir le monde et est sensible à ses régularités, il mémorise de l’information, il produit des sons qui sont universels (les mêmes quel que soit l’environnement familial et culturel), il répond de manière privilégiée au visage d’un autre être humain, etc.


Influences du milieu socio-culturel


La famille

Le cadre familial est un facteur important. Avoir accès aux ressources de la maison et mener une vie dans un cadre sérieux favorisant les études, influencent positivement les facultés intellectuelles de l’enfant.

L’éducation

L’éducation joue un rôle majeur dans l’intelligence. Un enfant possédant des potentiels intellectuels doit suivre un enseignement approprié à ses capacités pour pouvoir les exploiter le plus possible, d’où l’existence d’écoles de surdoués.

L’enrichissement environnemental

Une étude effectuée par Rosenzweig et Bennett (1996) a montré l’effet de la richesse de l’environnement sur la plasticité cérébrale. Ils ont pu mettre en évidence que le cerveau des rats élevés dans un milieu enrichi, présente un épaississement du cortex traduisant un nombre de connexions synaptiques croissant. De même, ils ont observé un nombre d’épines dendritiques plus important au niveau microscopique. Ainsi, l’environnement enrichi modifierait l’arborisation dendritique du cerveau, ce qui entraîne un plus grand nombre de connexions entre les neurones.

Le statut socio-économique

Il y a différentes études qui relient le statut socio-économique au QI. Les enfants qui ont un meilleur statut socio-économique ont 17 points de plus dans le même examen que ceux qui sont plus démunis. Cela veut dire que l’accès aux différentes ressources permet d’améliorer l’intelligence.

Le mode de vie

Bob Reeves, de l’université de Melbourne, a effectué une étude qui a montré que l’évolution a modulé les gènes de l’Homme en développant son rapport à l’espace. Il a observé que les Aborigènes du Nord de l’Australie ont des compétences de repérage spatial beaucoup plus développées que les enfants scolarisés. Ceci est probablement dû au fait que dès leur plus jeune âge, ils doivent se repérer pour survivre. Ainsi, le mode de vie des aborigènes leur a permis de développer l’intelligence spatiale.

Influences biologiques


Exposition aux produits chimiques toxiques et à d’autres substances

La consommation chronique d’alcool entraîne une mort neuronale importante. Le volume du cerveau des malades alcooliques diminue. L’alcoolisation chronique est assimilée à une maladie neuro-dégénérative.

Plus ou moins longtemps après le début de l’alcoolisation chronique, des dégâts au niveau du cerveau deviennent visibles. Les substances grise et blanche se réduisent dans le cortex, le cerveau limbique  dont l’hippocampe, une structure intervenant dans l’apprentissage, la mémoire et la régulation de l’humeur  et le cervelet. L’individu connaîtra une diminution du métabolisme cérébral.

Nutrition

Des études ont prouvé qu’une malnutrition postnatale peut affecter le développement intellectuel : l’expérience effectuée par Isaac et collaborateurs, consiste à assigner à deux groupes d’enfants prématurés deux régimes alimentaires, l’un standard et l’autre de haut-aliment (riche en vitamines), pendant les semaines postnatales. Les scientifiques ont remarqué que le noyau caudé du groupe de haut-aliment est plus volumineux que celui de l’autre groupe. Cette différence de volume est corrélée avec la différence des scores sur les essais verbaux de QI auxquels le groupe de haut-aliment a obtenu de meilleurs résultats.

D'une certaine manière, la plasticité est aux ordres de l'environnement. Des études ont montré l'importance que revêt, déjà, le milieu intra-utérin pour un bon développement cérébral. Ainsi, l'enfant qui naît d'une mère dénutrie possède moins de neurones, ce qui influe sur ses capacités intellectuelles.

La majorité des milliards de connexions neuronales se construisent à partir du moment où l'enfant est en interaction avec son environnement. Par exemple, la vision du nouveau-né est extrêmement sommaire, et ce n'est qu'à l'âge de 5 ans que l'enfant aura une vision comparable à celle de l'adulte. C'est pareil pour les fonctions cognitives : pour qu'elles se développent, les interactions sociales sont indispensables.

Les parents peuvent améliorer le développement cérébral


Ce qui fait la ‘qualité’ d'un cerveau, c'est sa richesse en connexions. On peut les favoriser chez l'enfant par les soins parentaux. A la naissance, l'expression de certains gènes devient sensible aux variations du monde extérieur. Les soins parentaux sont alors de toute première importance. Il a été montré, chez le rongeur, qu'une privation maternelle ou paternelle à la naissance modifiait la distribution topologique des synapses de certains neurones du cortex limbique (le cerveau des émotions). Et cette altération persiste chez l'adulte.

La richesse des connexions de certains circuits synaptiques semble être proportionnelle à l'abondance de soins maternels prodigués aux nouveau-nés.

La maturation du cerveau et l’autonomie affective


Si une stimulation se répète continuellement, surtout si elle est vécue et ressentie comme émotionnellement importante, cette stimulation créera un réseau de neurones qui va mémoriser l’expérience et les réactions qui en découlent. Chaque fois qu’une situation similaire se représentera, elle renforcera le réseau. Le réseau peut inclure différentes zones du cerveau et se réactiver parfois même sans qu’une stimulation externe ne survienne.

Les situations anciennement vécues, ressenties comme un danger pour l’intégrité de l’être, deviendront moins invasives et le système émotionnel pourra faciliter une réorganisation du cerveau.


Le manque sommeil bloque irréversiblement la plasticité du cerveau 

Étude publiée par des chercheurs de la New York University et de l'Université de Pékin dans la revue Science en juin 2014.

Leurs travaux, menés sur la souris, autorisée ou privée de sommeil, montrent l’impact d’une privation sur la formation de nouvelles dendrites, les portes d'entrées des neurones qui traitent et relayent l'information d'un neurone à l'autre. Alors que la formation de nouvelles dendrites est associée à l'apprentissage et à la plasticité du cerveau, le rôle essentiel du sommeil sur ces nouvelles connexions est à nouveau confirmé et documenté.

Ils ont entraîné des souris à exécuter une tâche (marcher sur une tige), puis, certaines ont été autorisées à dormir après, d’autres ont été privées de sommeil. Les cerveaux des souris ont ensuite été examinés pour voir comment le sommeil pouvait influencer les connexions entre les cellules nerveuses dans le cerveau.

Les chercheurs ont également testé si l’effet de la privation de sommeil pouvait être annulé en permettant aux souris de récupérer dans les 16 heures qui suivaient la période de 7 heures de privation de sommeil.

* Les souris qui dorment normalement présentent un développement accru de nouvelles projections épineuses entre les cellules nerveuses ou dendrites, dans les 24 heures qui suivent l’exécution de la tâche versus les souris qui n’ont pas effectué la tâche. Et chaque nouvelle tâche entraine la formation d’un autre ensemble de projections épineuses.

* Les souris privées de sommeil après avoir été formées à la tâche, montrent un développement réduit de ces nouvelles connexions entre les cellules nerveuses. Et même si elles sont formées de manière plus intense et prolongée. Ainsi, la privation de sommeil semble borner l’apprentissage, quelle que soit la formation.

* Permettre aux souris privées de sommeil après la formation à la tâche de récupérer, après la période de privation de sommeil, ne rattrape pas l’apprentissage. Ces souris présentent toujours moins de dendrites. L’effet de la privation de sommeil est donc irréversible.

Le sommeil conditionne la mémoire de l’apprentissage. Les souris autorisées à dormir conservent ces projections entre neurones dans les jours suivants, suggérant que l’apprentissage d’une compétence persiste pendant de longues périodes de temps et avec un minimum d’interférences avec d’autres apprentissages.


Le sommeil non-paradoxal principalement impliqué dans la mémoire. Les chercheurs constatent aussi que la privation de sommeil paradoxal (REM) n’entraine pas cette diminution des synapses, qui, à partir des dentrites assurent la transmission de l’influx nerveux. Cela suggère que le sommeil lent (non-REM) serait principalement impliqué dans la formation de nouvelles connexions nerveuses après l’apprentissage.



Stimuler le cerveau nécessite un ensemble de facteurs environnementaux qui se complètent. Développer des capacités d’empathie, éviter trop de stress, mais aussi pratiquer des activités physiques sont des éléments majeurs tout au long de la vie pour retarder ainsi les effets du vieillissement.