lundi 30 mai 2016

L'Origine de l'Intelligence et le Projet d'une Cartographie du Cerveau




L'origine de l'intelligence

Les avancées dans le domaine des neuro-sciences permettent aux scientifiques 
d'être chaque jour plus proches d'obtenir une réponse définitive


Tout au long de l'histoire de l'humanité un nombre infini de chercheurs ont cherché à répondre à cette question sans grand succès. Ils n’ont pas trouvé non plus une réponse satisfaisante à ce qu’une personne soit plus intelligente qu’une autre. Certains scientifiques pensaient que la taille de certaines zones du cerveau – y compris celui du cerveau  était la solution de l'équation ; d'autres, cependant, croient que la clé résidait dans le nombre de neurones.

Qu’est-ce que l’intelligence ? D’où vient-elle ? Quelle est son origine au sens historique mais aussi au sens physiologique ? Est-ce une zone particulière du cerveau ? Est-ce certaines connexions particulières ?

L'intelligence  selon la définition du dictionnaire  est l'ensemble des facultés mentales permettant de comprendre les choses et les faits, de découvrir les relations entre elles et d'aboutir à la connaissance conceptuelle et rationnelle (par opposition à la sensation et à l'intuition). Elle permet de comprendre et de s'adapter à des situations nouvelles et peut en ce sens être également définie comme la faculté d'adaptation. L'intelligence peut être également perçue comme la capacité à traiter l'information pour atteindre ses objectifs.

L’intelligence humaine, celle qui le distingue des animaux, consiste à créer du lien entre des événements qui n’en avaient pas de façon évidente. C’est cette capacité à donner du sens qui est spécifique à l’homme parmi toutes les fonctions intelligentes :

* L’attention ou distinction est une faculté de faire attention et distinguer des choses ou actes existants dans l’environnement.
* La concentration est une faculté permettant d’évaluer les distances, de se représenter des volumes et mouvements par représentation mentale.
* La conscience ou compréhension est une faculté de comprendre les problèmes et les actes généralement.
* Le raisonnement ou pensée est la faculté de planifier. Elle est aussi appelée créativité.
* L’humour est une preuve que l’on s’adapte facilement socialement.

La seule fonction cérébrale qui semble pouvoir être considérée comme à l’origine de cette fonction "intelligence" n’est ni la mémorisation, ni le langage, ni l’écriture, ni d’autres fonctions mais plutôt l’automatisme dit d’interprétation que l’on trouve dans une zone cingulaire du cortex cérébral.

Notre cerveau a développé une capacité d’interprétation intuitive d’une part et une capacité de confrontation logique d’autre part. Le combat entre intuition et raisonnement correspond partiellement à une opposition entre les deux hémisphères cérébraux. Le dialogue du cerveau provient du fait que les deux hémisphères ne donnent pas des réponses du même type, si on leur envoie la même information. La richesse de la pensée humaine, sa complexité, pourrait bien avoir cette origine.

Le rôle du cortex cingulaire antérieur

Le cortex cingulaire est une partie du cerveau située sur la partie médiale du cortex, au-dessus et le long du corps calleux depuis le lobe frontal médial jusqu’au sillon cingulaire, en arrière.

Il existe une région particulière du cerveau humain dans laquelle les systèmes neuraux sous-tendant l’expression et la perception des émotions, ainsi que ceux relatifs à la mémoire de travail et à l’attention, interagissent de façon si étroite qu’ils constituent la source mobilisatrice aussi bien des activités externes (les mouvements du corps) que des activités internes (vie mentale, raisonnement). Cette région est le cortex cingulaire antérieur, une pièce de ce puzzle que constitue le système limbique.

Trois régions du cerveau impliquées dans l’intelligence

Plusieurs régions clés ont été répertoriées. Les plus importantes se retrouvent au niveau du cortex préfrontal gauche, du cortex temporal  très largement utilisé pour l'intelligence générale  et à l’arrière du cerveau, au niveau du cortex pariétal. Certaines zones de l’intelligence générale et des fonctions exécutives se chevauchent. Ces structures sont également interconnectées.

Les facultés intellectuelles et cognitives ne correspondent pas à une région précise du cerveau, ni à l’intégralité de l’encéphale, mais elles dépendent de quelques aires spécifiques.

Les régions particulières et les connexions indiquent que l’intelligence dépend de la capacité du cerveau à intégrer l’information depuis des processus verbaux, visuels, spatiaux et exécutifs.

Intelligence : la part des gènes

Les études génétiques de l'intelligence se placent maintenant dans une perspective cognitiviste, qui décompose l'intelligence en aptitudes assorties d'un ancrage neurobiologique et cérébral : à chaque fonction psychologique  les variantes de la mémoire, l'apprentissage, la plasticité  correspond un réseau de structures cérébrales.

L'intelligence mesurée par les tests de QI ne se prête pas à des études génétiques. Cet instrument nous renseigne sur le degré d'adaptation sociale et intellectuelle d'un individu, sans tenir compte de fondements biologiques sous-jacents, qui permettraient de relier les capacités mesurées aux gènes.

Des gènes interviennent dans le fonctionnement du cerveau et, par contrecoup, sur nos comportements. Mais l'existence d'une relation entre gènes et comportements n'implique pas pour autant que l'intelligence soit héréditaire.

Les gènes n'agissent pas de façon linéaire : ils induisent, en interaction les uns avec les autres, des cascades de réactions extrêmement complexes impliquant une multitude d'acteurs différents. Chaque gène est polyvalent et il est impossible de dresser une carte du génome où l'on ferait correspondre tel gène à telle fonction.

L'opposition inné/acquis, c'est un débat dépassé

On a tendance à dire que ce qui apparaît à la naissance, c'est l'effet des gènes. C'est faux : pendant les neuf mois de grossesse, il se passe beaucoup de choses. La mère sert en quelque sorte de filtre aux événements extérieurs, sociaux mais aussi chimiques  ce qu'elle mange, respire, fume, boit, ingère ou s'injecte comme drogue , elle peut aussi être stressée, anxieuse, fatiguée.

Tout cela n'est pas sans conséquence sur le fœtus. Il y a en réalité, dès les premières millisecondes de la fécondation, un effet de l'environnement. Cette interaction précoce des facteurs génétiques et d'environnement indique que l'inné est en grande partie acquis et qu'on ne peut pas conclure que ce qui arrive à la naissance est prédéterminé par les gènes. Quant à l'acquis, c'est par définition tout ce qui s'apprend. Or, là aussi, l'acquis peut être antérieur à la naissance. On sait que le fœtus est déjà doté de capacités d'apprentissage, qu'il est capable de reconnaître par exemple, la voix de ses parents.

 *
*     *

Le cerveau humain n’a jamais été autant étudié par les chercheurs. Et il ne s’agit pas que de biologistes et de neurologues. Des scientifiques issus de toutes les disciplines travaillent sur le sujet. Les psychiatres, par exemple, s’intéressent toujours plus aux liens entre maladies mentales et troubles du cerveau. Les ingénieurs en informatique et en robotique tentent pour leur part de s’inspirer de notre architecture neuronale pour créer des outils technologiques.


Projet du Connectome Humain

Le Projet du Connectome Humain, mené par le National Institute of Health aux Etats-Unis, comparable en importance au projet du génome humain, a été lancé en juillet 2009.

Il a pour but de cartographier en détail toutes les connexions à l'intérieur du cerveau. La tâche est colossale, mais les retombées extrêmement prometteuses : comprendre ce que nous sommes, comment fonctionne notre cerveau et pourquoi, parfois, il déraille.

Un grand nombre de chercheurs en neurosciences, qu’ils soient biologistes, chimistes, informaticiens, mathématiciens ou médecins, travaillent là-dessus.

D'une durée de cinq ans et rassemblant dix centres de recherche aux Etats-Unis et en Europe, il a pour objectif de collecter une vaste quantité de données en recourant à des systèmes d'imagerie avancés portant au total sur 1.200 adultes sains et d'y donner librement accès aux chercheurs dans le monde.

L’imagerie par résonance magnétique (IRM) de diffusion. À la base, cette technique permet de retracer le câblage des fibres nerveuses de la matière blanche du cerveau qui relient les neurones, un peu à la manière d’un réseau routier. Pour le moment, l’IRM ne peut prendre de mesure en dessous du millimètre. Or il faut atteindre un niveau microscopique pour cartographier le connectome.

Les jaune et rouge représentent les régions  où
une plus grande activité a été développée chez
les participants pour une ou plusieurs tâches.
Le bleu représente les régions moins actives.
Les premières images et données publiées en mars 2013, les plus détaillées jamais collectées, proviennent de 68 adultes volontaires en bonne santé. Outre les nombreuses images de leur cerveau, le projet fournit aussi des informations sur les traits de leur personnalité et leurs capacités intellectuelles.

David Van Essen, professeur à la faculté de médecine de l'Université Washington à St Louis (Missouri), un des principaux responsables de ce consortium, explique qu’en rendant disponibles immédiatement ces données uniques et en continuant à en publier régulièrement de nouvelles tous les trimestres, l'Human Connectome Project permet à la communauté scientifique de commencer sans attendre à explorer les liens entre les circuits du cerveau et les comportements individuels.

Selon lui, cette étude aura un impact majeur sur notre compréhension du fonctionnement du cerveau des adultes en bonne santé et établira la base pour de futurs projets d'étude qui examineront les changements dans les circuits cérébraux qui sont à l'origine d'une grande variété de maladies mentales.


Le Human Brain Project

Le Human Brain Project (HBP) a été lancé en octobre 2013. Devisé à 1,2 milliard d'euros, la Commission européenne contribue à son financement, estimé à 1.19 milliards d'euros.

Coordonné par une équipe de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), le Projet du Cerveau Humain fédère plus de 80 institutions de recherche européennes et internationales pour trouver des traitements contre les maladies du cerveau, via la reconstitution sur ordinateur du cerveau humain.

Il vise à modéliser la structure et le fonctionnement du cerveau humain grâce à l'informatique. 135 partenaires  neuroscientifiques, médecins, informaticiens, roboticiens  participent au projet.

Six plates-formes de recherches


Elles portent sur la neuro-informatique, la simulation du cerveau, le calcul à haute-performance, l'informatique médicale, l'informatique neuro-morphique et la neuro-robotique.

Dès 2016, les plates-formes seront à disposition des équipes scientifiques du monde entier.

A l’origine du Human Brain Project, on trouve un autre travail, le Blue Brain Project. Il s’agissait de simuler une colonne de neurones du cerveau du rat.


Projet de création d’une cartographie
 de l’activité cérébrale

Un effort concerté de grande envergure pour faire
 progresser la connaissance de l'homme sur
les neurones, la perception, l'action et la conscience

Brain Research through Advancing Innovative Neurotechnologies (BRAIN)
vise à aider les chercheurs à comprendre les troubles neurologiques, 
comme la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson,
la dépression et les lésions cérébrales traumatiques.


Le 2 avril 2013, le président Obama a présenté le Brain Activity Map Project. Ce programme, qui pourrait s’étaler sur 10 ans, a pour but de comprendre le fonctionnement du cerveau humain et ainsi de trouver de nouveaux traitements curatifs ou préventifs pour des troubles du cerveau tels que la maladie d’Alzheimer, de Parkinson ou l’épilepsie.

Le Brain Activity Map Project  aussi appelé BRAIN Initiative : Brain Research through Advancing Innovative Neurotechnologies  est un projet de recherche public-privé ayant pour objectif d'accélérer le développement et les applications de technologies innovatrices pour améliorer la compréhension du cerveau humain. Le projet est basé sur le même principe que le Projet génome humain. Ce programme va durer une dizaine d’années.

L’initiative BRAIN dépasse largement le cadre des neurosciences. Pour comprendre l’ensemble des fonctionnalités du cerveau, il faudra développer de nouveaux outils, de nouvelles technologies qui pourront s’avérer utiles même dans des domaines qui n’auront rien à voir avec le cerveau. Par exemple, le développement de nouveaux capteurs susceptibles de saisir l’activité des neurones. Aujourd’hui, lorsqu’on désire connaître le comportement d’un neurone individuel, il faut utiliser des microélectrodes, ce qui implique une opération chirurgicale et l’ouverture de la calotte crânienne. Une telle complexité est bien sûr incompatible avec les buts de la BRAIN initiative.

Il faudra développer des nano-systèmes capables de tracer le comportement neuronal de façon moins invasive. La nanotechnologie sera véritablement au cœur de BRAIN. Par exemple, le neuroscientifique Rafael Yuste de l’université de Columbia, espère utiliser des “nano-diamants” susceptibles de changer de couleur quand une impulsion électrique est envoyée par un neurone. Ces nano-diamants pourraient être attachés à un unique neurone, ou dispersés partout dans le cerveau.


Ce programme de recherche s'articule autour de trois grands axes :


* Créer la prochaine génération de techniques d'imagerie,
* Développer des méthodes d'enregistrement à grande échelle de l'activité cérébrale,
*  Élaborer des modèles informatiques permettant de comprendre les fonctions de circuits neuronaux spécifiques.

Le cerveau humain est composé de 100 milliards de neurones qui interagissent entre eux à travers 100.000 milliards de connections. Il reste ainsi l’une des “terra incognita’ de la science et l’un des plus grands challenges de la médecine.

Les principales étapes  programmées sont les suivantes::

Une molécule fluorescente dans les
neurones de souris brille lorsque
les cellules cérébrales sont activées
* Recenser les différents types de cellules nerveuses.
* Créer des cartes structurelles du cerveau.
* Développer un réseau à grande échelle enregistrant les capacités cérébrales.
* Développer des outils pour la manipulation des circuits neuronaux.
* Lier l'activité neuronale aux comportements.
* Intégrer les théories, modélisations, statistiques avec les résultats des expérimentations.
* Mieux préciser les processus sous-jacents aux techniques d'imagerie cérébrale.
* Créer des mécanismes facilitant les observations chez l'homme.
* Diffuser les connaissances et les modalités d'apprentissage.

L’initiative BRAIN permettra de visualiser directement les activités du cerveau impliquées dans des fonctions vitales comme la vision, l’audition et la mémoire. Une étape cruciale pour la compréhension des maladies cérébrales et la mise au point de traitements contre ces maladies ou toutes autres lésions du système nerveux.

Si les scientifiques fondent autant d'espoir dans ce projet c'est qu'il pourrait, à terme, permettre de développer une technologie essentielle à la compréhension de maladies comme Alzheimer ou Parkinson et de nouveaux traitements pour de nombreuses affections mentales. Une étude primordiale, qui pourrait également ouvrir la voie à des progrès majeurs en matière d'intelligence artificielle.

Source : National Instituts of Health


*     *
*

Ces projets transforment les paramètres éthiques de la recherche. De façon générale, la recherche sur le cerveau pose une série de questions éthiques, par exemple lorsque les chercheurs mènent des expériences sur les animaux. L’association de la puissance des ordinateurs à des bases de données nécessite un cadre et une méthodologie bien particulière et bien réfléchie. La communauté scientifique dans son ensemble doit former ces règles. Et le public doit en être informé.



Ce qui semble clair, c'est que, de plus en plus, les progrès dans le domaine de la neurobiologie permettent aux scientifiques se rapprocher chaque jour pour obtenir une réponse définitive à la question : où se situe l'intelligence ? Nous savons quelle partie est héritée, quelle partie est donnée par la formation de l'individu et que, peut-être, certains réseaux de neurones aient aussi quelque chose à dire. Ce qui semble évident est que le compte à rebours pour la détection définitive de l'origine de l'intelligence humaine a déjà commencé.


lundi 23 mai 2016

Les Effets de la Consommation de Drogues Pendant la Grossesse





La consommation de substances peut entraîner de graves répercussions dès les premiers stades du développement du fœtus, ainsi que des effets nocifs qui se répercutent à long terme dans la petite enfance et même bien plus tard.

Toutes les drogues consommées de façon abusive peuvent avoir des conséquences négatives sur le déroulement de la grossesse et le développement du fœtus. Toute substance peut traverser la barrière placentaire et affecter le fœtus.

Selon le type de drogue et la quantité consommée, il est aussi possible que le bébé souffre de sevrage à la naissance, c’est-à-dire de privation (pleurs inconsolables, irritabilité, tremblements, difficultés à s’alimenter, etc.).

Certaines drogues peuvent également avoir des effets à plus long terme chez les enfants (troubles d’apprentissage, troubles de comportement, hyperactivité, etc.).

La consommation de drogues illicites pendant la grossesse peut entraîner des complications médicales comme la fausse couche précoce, le décollement du placenta, le retard de croissance du fœtus, la formation de caillots, l’hypertension, la mort intra-utérine, le travail avant terme et l’hémorragie de la délivrance. L’exposition in utero peut rendre le fœtus dépendant aux drogues transmises par voie sanguine.

Les conséquences de l’exposition du fœtus à la drogue dureront toute sa vie


Parmi celles-ci, les plus fréquentes sont :
* un avortement spontané;
* un accouchement prématuré;
* un retard de croissance chez le fœtus.

Effets de la consommation de médicaments et drogues avant et pendant la grossesse


Les médicaments sur ordonnance et en vente libre, peuvent traverser le placenta et atteindre la circulation sanguine du bébé.

Parce que l’enfant à naître traverse des étapes cruciales de son développement, les médicaments ou produits, peuvent l’affecter d’une façon différente par rapport à la mère, causant parfois des déficiences congénitales ou d’autres problèmes considérables.

Avant de commencer à prendre tout type de médicaments sur ordonnance ou en vente libre, il est très important d’en parler à un professionnel de la santé et ce, tout au cours de la grossesse, surtout durant les trois premiers mois, lorsque les principaux systèmes de l’organisme du bébé se forment.

Syndrome de sevrage néonatal


Le syndrome de sevrage néonatal ou syndrome de pharmacodépendance est un trouble affectant les bébés nés de mères qui ont consommé des substances pendant la grossesse. Le bébé en gestation s’habitue éventuellement à la drogue qu’il reçoit tandis qu’il est dans l’utérus. Après sa naissance, le bébé, devenu dépendant de la drogue à laquelle il n’a plus accès, manifeste des symptômes de sevrage.

Les bébés atteints du syndrome de sevrage néonatal peuvent sembler tout à fait normaux à la naissance. D’ordinaire, les symptômes du sevrage se manifestent dans les 24 à 48 heures de vie, mais parfois, ils n’apparaissent que dix jours après la naissance. La plupart du temps, les symptômes sont légers et s’estompent au bout d’une semaine, mais il peut arriver qu’ils durent jusqu’à trois semaines.

Les drogues suivantes sont fréquemment associées au syndrome de sevrage néonatal :

* la codéine
* le fentanyl
* l’héroïne et la méthadone
* la mépéridine (Demerol)
* la morphine
* la pentazocine
* le propoxyphène
* les barbituriques
* la caféine
* le chlordiazépoxide
* la cocaïne
* les amphétamines
* le diazépam et le lorazépam
* la diphénylamine
* l’alcool éthylique
* la marijuana
* la nicotine
* la phencyclidine
* les inhibiteurs spécifiques du recaptage de la sérotonine (fluoxétine, paroxétine, la sertraline, citalopram).


Consommation d'alcool


Les femmes enceintes qui consomment de l'alcool risquent de donner naissance à un enfant atteint du syndrome d'alcoolisme fœtal (SAF).


Le syndrome d'alcoolisme fœtal est le seul défaut de naissance lié à la consommation des psychotropes qui peut être diagnostiqué à partir de critères spécifiques. Ceux-ci sont au nombre de trois : troubles de croissance, traits du visage caractéristiques et détérioration du système nerveux central, dont la gravité peut aller de légère à grave, et qui peut entraîner des problèmes tels que l'affaiblissement des facultés intellectuelles, les troubles d'apprentissage, les problèmes de mémoire, ainsi que la difficulté à distinguer la cause de l'effet.


Le tabac


On associe la consommation du tabac pendant la grossesse aux risques d'accouchement avant-terme, au poids insuffisant à la naissance  plus sensibles aux infections  et à un risque élevé de mort au berceau.

Le risque pour l'enfant de contracter des infections de l'appareil auditif et de souffrir de troubles respiratoires augmente également avec l'exposition du fœtus au tabac. Il existe un lien possible entre la consommation du tabac et d'éventuels troubles déficitaires de l'attention, de même qu'avec les retards de développement.


Le LSD et les amphétamines


Le LSD (acide lysergique diéthylamine) et les amphétamines sont d’autres drogues dont on ne connaît pas clairement les effets sur la grossesse.

Cependant, des anomalies congénitales ont été constatées sur les bébés de femmes prenant du LSD et d’autres drogues. Il est impossible d’établir un lien certain entre ces anomalies et la consommation de ces drogues. La plupart des femmes qui prennent du LSD ou des amphétamines consomment aussi de l’alcool, d’autres drogues ou fument.

Les études divergent quant aux effets constatés. On peut quand même affirmer que la consommation de plus d’une drogue douce semble augmenter le risque d’anomalies congénitales.

D’une manière générale, sans certitude sur l’effet exact de ces drogues sur les bébés à naître, mieux vaut les éviter.


La cocaïne


La cocaïne est un puissant stimulant du système nerveux central. En consommer pendant la grossesse peut provoquer de sérieux problèmes. En début de grossesse, elle peut augmenter le risque de fausse couche. Consommée plus tard dans la grossesse, elle risque de déclencher le travail prématurément. Des études montrent que les femmes qui consomment de la cocaïne pendant leur grossesse présentent deux fois plus de risques que les autres femmes d’avoir un bébé prématuré.

La consommation de cocaïne peut aussi être à l’origine d’un décollement du placenta de la paroi utérine avant le début du travail. Cette affection (abruptio placentae) peut entraîner d’importants saignements et être fatale à la mère et au bébé. La diminution d'apport en oxygène provoquée par ce décollement du placenta expose le fœtus à une mort in utero.

La cocaïne traverse le placenta et circule dans le sang du bébé. Elle peut provoquer des dommages irréversibles au cerveau, voire la mort d’un bébé à naître. Ces problèmes concernent plus les bébés des femmes qui ont continué à consommer de la cocaïne tout au long de leur grossesse.

Les anomalies congénitales associées à la prise de cocaïne par la mère incluent des malformations : du cerveau, du crâne, du visage, des yeux, du cœur, des membres, des intestins, des organes génitaux, de l’appareil urinaire.

Risques pour le nouveau-né. La drogue peut diminuer l’apport en nutriments et en oxygène du bébé en développement. Il risque d’être beaucoup plus petit à la naissance, même s’il naît à terme. Le risque de mortalité des bébés de faible poids de naissance au cours de leur premier mois est supérieur à celui des bébés de poids de naissance normal. Les femmes qui arrêtent de prendre de la cocaïne en début de grossesse risquent moins d’avoir un bébé prématuré ou de faible poids de naissance.

Un enfant dont la mère a consommé de la cocaïne peut souffrir de handicaps comme une paralysie cérébrale, un handicap visuel ou auditif. Ce sont des bébés qui souffrent souvent de troubles divers : ils ont du mal à trouver le sommeil ou à se nourrir. Et ils peuvent être sujets à un état comparable à l'état de manque. On constate souvent qu'ils sont dotés d'un caractère particulier : nerveux, irritables, inconsolables, ils se mettent souvent à pleurer au moindre bruit ou contact.

La cocaïne passe dans le lait maternel en quantités importantes. Ses effets sur le bébé continuent à être nocifs.


L’héroïne


De nombreuses études scientifiques ont démontré les dangers potentiels de l'héroïne consommée par les femmes enceintes. Il est fortement conseillé aux femmes enceintes qui prennent de l’héroïne de passer à la méthadone. Cette dernière est administrée à intervalles réguliers. Elle permet de stabiliser le taux de drogue dans le sang, limitant ainsi les problèmes pour la mère et le bébé.

Avec l’aide de professionnels, une femme devrait être capable de diminuer la quantité d’héroïne qu’elle prend. Il n’est pas conseillé aux femmes dépendantes d’arrêter l’héroïne une fois enceinte. Cela risquerait de provoquer une souffrance et un état de manque chez le bébé en développement, ce qui pourrait être très dangereux.

Le fœtus exposé à l'héroïne peut voir sa croissance limitée. L’héroïne a de nombreux effets indésirables sur un bébé en développement. Elle peut limiter sa croissance, entraîner un accouchement prématuré et des enfants mort-nés. La moitié environ des bébés nés de mères dépendantes à l’héroïne sont des prématurés.

Un bébé dont la mère a consommé de l'héroïne risque de connaître un certain nombre de problèmes. Au niveau respiratoire, il peut éprouver des difficultés pour respirer, ou pour se nourrir. Ce qui peut être dangereux durant les premiers mois car cela entraîne fatalement des soucis de développement. Par ailleurs, ces bébés sont souvent sujets à une grande agitation et une forte irritabilité. Enfin, comme pour la cocaïne, l'héroïne passe dans le lait maternel, l'allaitement doit aussi être exclu.

Les bébés exposés à l’héroïne ou à la méthadone avant la naissance souffrent de forts symptômes de manque une fois nés. Ils requièrent un traitement pouvant durer plusieurs semaines.


La marijuana


Plusieurs études scientifiques démontrent qu'une consommation régulière de cannabis expose la mère et l'enfant à plusieurs risques car le principe actif contenu dans cette substance traverse la paroi du placenta pour atteindre le sang du fœtus.

Risques pour le fœtus. La prise régulière de cannabis peut provoquer un retard de croissance intra-utérine. Le fœtus est ainsi exposé, comme la mère, au monoxyde de carbone. De plus, le principe actif contenu dans le cannabis passe la paroi du placenta pour se retrouver dans le sang du fœtus à doses variables. Ce qui peut occasionner un hématome rétro-placentaire. Ce dernier se caractérise par un décollement du placenta, lequel entraîne une diminution des apports en oxygène du fœtus, ce qui peut conduire à sa mort in utero. Cet hématome est souvent à l'origine d'hémorragies pour la mère, qui lui sont parfois fatales.

Risques pour le nouveau-né. Les mères qui consomment du cannabis donnent naissance à des bébés avec un poids plus faible que celui des autres. Cette faiblesse engendre une plus grande sensibilité aux infections durant les premiers mois. D'autre part, les cas de bébés prématurés se révèlent beaucoup plus fréquents avec cette drogue.

Cannabis et grossesse : le cerveau du fœtus en danger


Une étude menée par des chercheurs de l'Institut Karolinka (Suède), dont les résultats sont parus dans l'EMBO Journal en janvier 2014, démontre que le cannabis entraîne un retard dans le développement cérébral.

Ils ont tenté d'évaluer les effets d'une telle consommation sur le fœtus, en étudiant des souris et des tissus humains. Leur but était de déterminer comment le THC présent dans le cannabis affecte le cerveau du bébé à naître, notamment son développement. Ils ont découvert que le THC agit sur une protéine qui aide les cellules à croître.

Tetrahidrocarbocannabinol – THC
Lorsque la future mère consomme du cannabis alors que le cerveau du fœtus est en phase de développement, le cortex cérébral du fœtus souffre d'un développement défectueux. Cette région du cerveau organise la fonction cognitive et la formation de la mémoire. Chez le bébé, cela se traduit notamment par un déficit de connexions entre les neurones.

Sur le court terme, cela peut ne pas avoir d'effets immédiats sur la cognition. Mais ce retard de développement peut s'observer sur le long terme, même si le THC seul peut causer de légères modifications, son effet peut suffire à sensibiliser le cerveau aux facteurs de stress ou aux maladies, et provoquer à l'avenir des pathologies neuropsychiatriques (maladie d'Alzheimer, maladie de Parkinson, etc.).


*
*      *

Au vu des complications potentielles qu'entraîne la consommation de drogues pendant la grossesse, que ce soit pour la mère, le fœtus ou le bébé une fois né, il apparait évident de déconseiller fortement l'usage de substances illicites pendant cette période. Toutefois, la dépendance restant très compliquée à gérer, une aide extérieure médicale doit être sollicitée.

Les futures mamans qui consomment des drogues douces ou plus dures sont en général des femmes en grande détresse sociale. Parfois, ces grossesses ne sont même pas désirées. Et très souvent, il est difficile pour elles d'en parler et d'avouer ainsi leurs addictions aux personnels médicaux. Il est impératif qu'elles trouvent des structures pour se faire aider afin de passer ce cap en limitant les effets néfastes pour leur santé et celle de leur enfant à naître.