samedi 22 avril 2017

Des Changements dans le Cerveau de l'Enfant Liés à la Technologie



Le style de vie numérique des enfants modernes génère des changements dans leur cerveau


Le style de vie numérique des enfants modernes génère des changements dans leur cerveau. Actuellement, le besoin de “contact social“ est si prenant que l’on ne peut pas s’empêcher de lire un e-mail, un message sur Facebook ou de répondre à un message de texte. Si pour les adultes il est difficile d'éviter les distractions, pour les enfants, dont l'esprit est plus susceptible d'être constamment distrait, c’est très inquiétant.

Les enfants, aujourd’hui, ne grandissent pas du tout dans le même environnement que les parents ont connu dans leur jeunesse. Jeu, imagination, activité, nature… tous les sens étaient sollicités.

Les enfants d’aujourd’hui ont encore ces options de jeu idyllique au bout des doigts, mais les écrans de toutes sortes ont fait leur apparition  téléviseur, ordinateur, téléphone intelligent, tablette  dans lesquels ils plongent enchantés, souvent même avant de savoir parler. Dès leur entrée à l'école, ils passeront en moyenne cinq heures quotidiennes avec eux. Au collège, ils auront tous un portable avec lequel ils enverront, dans une novlangue de leur cru, en moyenne 83 SMS par jour.

L'influence des écrans sur les premiers temps de la vie. C'est dans ces années cruciales que se forme le cerveau. Il est alors particulièrement plastique, fragile, hypersensible à tout ce qu'il voit, touche, ressent. Les neurones, générés avant la naissance, vont se connecter durant cette période, puis connaître un regain d'activité au moment de la puberté. Les réseaux, les autoroutes par lesquelles circule l'information, vont se former en fonction de l'environnement du sujet.

Lorsque l’enfant entre dans l’adolescence, le temps excessif passé devant l’écran semble perturber la structure et la fonction cérébrale. Les dommages se produisent principalement dans le lobe frontal du cerveau, qui subit des changements considérables. Le développement du lobe frontal joue un rôle crucial dans tous les secteurs de la vie  du sentiment de bien-être à la réussite scolaire et du succès professionnel aux qualités relationnelles .

On a remarqué chez les adolescents passionnés de jeux vidéo (derrière leur écran plus de neuf heures par semaine) une augmentation du volume d'une partie centrale du cerveau, le striatum, liée au système de récompense. On peut dire que ces jeux vidéo stimulent l'une des zones les plus primitives du cerveau, vers laquelle convergent les informations venues du cortex.


Être multitâche altère la mémoire et les capacités du cerveau


Des chercheurs de l'Université de Californie à San Francisco dans une étude, publiée par la National Academy of Sciences en avril 2011, ont démontré que les personnes qui pratiquent la multitâche utilisent une partie différente du cerveau quand ils apprennent quelque chose, par rapport aux non-aptes à la multitâche.

Les ‘multitaskers’ utilisent la mémoire procédurale, qui codifie ce que l'on apprend comme une routine, tandis que ceux qui se concentrent sur ce qu'ils font sans distractions utilisent l'hippocampe, une partie du cerveau qui joue un rôle important dans la formation de nouveaux souvenirs d'événements vécus. Il est utilisé par exemple, dans une classe de mathématiques pour appliquer des règles abstraites sur un nouveau problème.

Or les gens concentrés peuvent appliquer une nouvelle compétence plus largement que ceux qui exercent les multitâches. Le mode de vie en multitâche serait parfait si les enfants allaient travailler sur des lignes d'assemblage, mais pour la pensée de haut niveau nécessaire pour des emplois bien rémunérés, ce serait mieux d’exercer leur hippocampe.

Cela ne signifie pas que les gens devraient s’isoler pour travailler et cesser d'utiliser des applications telles que les appareils électroniques et les réseaux. Ce serait comme cesser d'utiliser les voitures de peur des accidents et de la pollution. Ce qu'il faut faire est rationaliser l'utilisation de la technologie et acquérir de bonnes pratiques.

La clé est de ne pas aller à l'autre extrême. Selon les chercheurs il a été montré que la performance est réduite  et le stress augmente  avec un nombre croissant de tâches. Mais nous savons aussi qu'un peu de stimulation augmente les performances,  mais l'excès les réduit. En substance, il faut trouver un équilibre.

Une autre étude de l'Université de Stanford menée en 2009 a relevé que les personnes soumises en permanence au régime multitâche ont beaucoup plus de mal à passer successivement d'une tâche à l'autre par rapport à ceux qui ne le sont qu'occasionnellement.

Cette observation souligne l'impact du mode de vie en multitâche sur la capacité de passer naturellement d'une chose à l'autre en raison de la réponse instinctive du cerveau aux distractions qui surgissent. Distractions vis-à-vis desquelles les “non multitâches” sont naturellement moins sensibles.


L’impact des multitâches sur la structure du cerveau


On appelle “multitâche” le fait d’exécuter plusieurs tâches mentales qui possèdent une charge de superposition assez élevée quant aux ressources cognitives qu’elles consomment (comme par exemple écouter de la musique et avoir une discussion avec quelqu’un).

La société de consommation, productive et impulsive, assume que quelqu’un qui est “fort en multitâche” est capable de produire plus lorsqu’il fait beaucoup en même temps, et qu’il est même capable de brasser plusieurs problèmes parallèlement.

Les spécialistes affirment que la vigilance et l'efficacité diminuent dès que l'on fait plus d'une tâche à la fois, puisque chaque alternance de tâche nécessite une pause cérébrale.

Tout indique que nous n’avons pas été sélectionnés pour être obligés de faire deux activités en même temps et moins encore nous avons des garanties pour dire que nous allons exécuter les deux tâches de manière efficace. Nous avons effectivement quelques signes qui montrent que l’on peut faire l’aller-retour entre deux tâches sans beaucoup de coût cognitif, mais c’est un peu soutenir l’attention sur une tâche, exécuter l’autre, retourner à la première.

C’est-à-dire, nous ne sommes pas en train de faire plusieurs choses en même temps, mais nous passons d’une tâche à l’autre, ce qui est couramment appelé task switching dans les neurosciences.

Ce processus que nous imaginons en parallèle et multi-rail est en effet un couloir étroit où les choses passent une par une, et les réorganiser n’est pas gratuit. Alors, chaque changement ou switch de tâche entraîne un certain coût cognitif, car au cerveau on ne lui fait pas de cadeau. Dans la plupart des scénarios possibles, la productivité se réduit en fonction du nombre de changements ou switches qui se sont déroulés; en prenant en compte que, lorsque la tâche devient de plus en plus complexe, la productivité diminue de plus en plus selon l’arrivée de chaque changement.

Tout cela ne veut pas dire que nous soyons complètement incapables d’exécuter plusieurs tâches en parallèle, mais que l’on devrait probablement apprécier un peu moins la capacité de faire beaucoup en même temps et apprécier un peu plus la capacité à élaborer des schémas d’action basés sur des priorités, ce qui permet la concentration sur une tâche spécifique.

Diminution des capacités de mémorisation et de concentration. Lorsqu'une personne normale fait deux choses en même temps, les informations ne rejoignent pas le bon endroit dans le cerveau, le système nerveux fonctionne différemment et il devient plus difficile de retenir les informations et de les exploiter.

Diminution de la tolérance face à la complexité. Les personnes multitâches ont en effet tendance à abandonner une tâche ou à la mettre de côté quand elle devient un peu trop difficile, au lieu de persévérer et réfléchir à la solution pour y arriver.


La technologie bien utilisée joue un rôle clé dans l'amélioration de la capacité intellectuelle


Les progrès récents en neurosciences ont montré que le cerveau a une grande plasticité: l'être humain peut générer des neurones tout au long de la vie et augmenter les liens entre eux  même dans la vieillesse  et peut également améliorer sa concentration (par exemple, par la méditation, qui va jusqu'à produire des changements physiques positifs dans le cerveau).

En outre, le cerveau peut être exercé pour réduire la détérioration intellectuelle qui arrive avec l'âge, pour diminuer le risque de maladies telles que la maladie d'Alzheimer, ou pour améliorer ses capacités dans certaines zones, et cette technologie peut y aider.

Après l'invention de l'imprimerie s'est développée à grande échelle une intelligence réfléchie, linéaire, lente, cumulative. Avec l'écran, on est dans un nouveau mode : fluide, rapide, fragmenté, automatique. Ce sont plutôt les régions postérieures du cerveau, les parties visuelle, sensorielle, l'intelligence élémentaire, qui sont activées. On sollicite moins, ou trop rapidement, le cortex préfrontal, la partie la plus noble, que l'on appelle parfois "l'organe de la civilisation", siège de la synthèse personnelle, du recul, de l'abstraction.

Des études ont montré que certains programmes éducatifs peuvent accélérer l'apprentissage de la lecture, que des jeux vidéo améliorent même l'attention sélective et la capacité de contrôle. A condition de savoir les consommer avec modération.

Par exemple, l'Internet est crucial aujourd'hui pour aider à créer l'environnement enrichi dont les élèves ont besoin pour augmenter leur capacité intellectuelle. La recommandation des médecins d'exercer le cerveau afin qu'il ne vieillisse pas si vite est à l’origine d’une nouvelle industrie des jeux et des applications en ligne pour garder l'esprit éveillé, tels que Brain Age pour la console portable Nintendo DS, ou plusieurs applications disponibles pour l'iPhone et autres Smartphones.

Bien que les scientifiques reconnaissent la nature addictive des moyens de divertissement et autres gadgets qui nous encombrent la vie, le monde dans lequel nous évoluons exige de nous un haut niveau de connectivité et de productivité en mode multitâche.

Il faut laisser notre cerveau se déconnecter afin d’activer le réseau de neurones appelé “réseau par défaut. Ce dernier s’active quand on ne fait rien, quand on n’est pas concentré sur une tâche (par exemple lorsque l’on conduit sur une route que l’on connaît bien, par beau temps et sans trafic). Ce réseau joue un rôle fondamental pour la synthèse de notre mémoire.

Les stimulations externes remplacent peu à peu les stimulations internes. Les enfants ne savent plus jouer. Si un enfant n'apprend pas à jouer, il est amputé de la capacité d'imaginer, de développer son sens de l'humour, ce qui le prive d'un moyen puissant d'éviter la dépression.

Pour que l'esprit de l'enfant soit plus concentré, ait plus de discipline et soit habitué à éviter toutes sortes de distractions, on doit considérer trois étapes :

* Une tâche à la fois. L'enfant doit faire une seule tâche à la fois et se concentrer sur cette tâche jusqu'à la fin. S’il utilise l'ordinateur, alors il doit avoir seulement une fenêtre ouverte pour l'activité en exécution.

* Rationaliser les réseaux sociaux. Après avoir terminé ses exercices de mémoire, on lui permettra pendant quelques minutes de revoir son Facebook ou toute autre site Web.

* Modules thématiques. L’aider à organiser des modules thématiques d’une durée de 20 minutes, 30 minutes ou 40 minutes, afin qu’il se concentre sur une seule activité dans ce module.

Il est primordial que le très jeune enfant soit accompagné dans son exploration numérique par un adulte qui maîtrise lui-même les “codes” de ce monde, une sorte de code de la route. Cela ne signifie par forcément que l’adulte doit être en permanence derrière l’enfant, mais qu’il doit au moins superviser l’expérience.

Dès lors, les écrans ne devraient pas être totalement exclus du développement du petit enfant tant qu’ils tiennent une place mesurée, contrôlée, et qu’ils côtoient d’autres activités : dessiner, courir, jouer au ballon, parler, écouter une histoire… Il faudrait les éduquer le plus tôt possible au numérique, avec parcimonie, afin de développer leur sens critique, aider leur cerveau à s’accommoder de ces mondes nouveaux et leur donner une place, ni démesurée ni reniée, dans leur environnement concret.

Tous, parents, chercheurs, enseignants, doivent réagir pour continuer de transmettre à leurs enfants, à côté de leur intelligence, rapide, fluide, fragmentée, le mode de pensée plus lent, plus profond.


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