vendredi 23 septembre 2016

Relation entre les Troubles du Développement Neurologique de l'enfance et l'Exposition Prénatale aux Toxines et Pesticides





L’ensemble de la population générale est exposé quotidiennement à différents niveaux de produits contaminants. Bien que tout le monde soit concerné par les contaminants, les enfants y sont plus particulièrement vulnérables puisque ceux-ci sont exposés aux toxines dès la conception.

La neurotoxicité développementale ou toxicité du cerveau en développement de l’enfant a des conséquences en termes d’émergence de l’autisme, du trouble d’hyperactivité avec déficit d’attention, de la dyslexie et d’autres troubles cognitifs, des troubles qui affectent aujourd’hui des millions d’enfants à travers le monde. Ce sont des produits chimiques industriels qui blessent le cerveau en développement, pour certains identifiés, pour d’autres restant à identifier.

Les études ont montré que certains produits chimiques passent la barrière hémato-encéphalique et entraînent des symptômes neurologiques. Chez les enfants au cerveau encore en développement ou in utero, ces produits chimiques sont extrêmement toxiques, car ils touchent le cerveau en période de vulnérabilité extrême. Les effets sont irréversibles.

Substances neurotoxiques




Les contaminants environnementaux sont définis comme des substances qui sont introduites, de façon accidentelle ou délibérée, dans l’environnement et qui peuvent nuire à la flore, la faune ainsi qu’à l’humain. Ils se retrouvent dans le sol, dans l’air, dans l’eau ainsi que dans les aliments et certains autres produits de consommation, et peuvent pénétrer l’organisme par différentes voies, telles que l’absorption cutanée, l’ingestion et l’inhalation.

Outre les organochlorés, les métaux lourds demeurent aussi préoccupants car leurs concentrations dans plusieurs régions du monde augmentent plutôt que de diminuer.


Les pesticides


Les pesticides sont des polluants qui peuvent agir comme des perturbateurs endocriniens ou comme des neurotoxiques.

Les pesticides ont la capacité de contribuer à des troubles du développement neurologique, mais on commence seulement à rassembler des données sur leur toxicité chronique.



Les troubles du développement


Les troubles du développement, y compris l’autisme et les troubles de l’attention sont répandus et affectent des millions d’enfants nés chaque année. Les causes sont en grande partie inconnues, mais on sait que l’exposition au plomb, au mercure, aux PCB, aux certains pesticides et autres neurotoxines environnementales contribue au problème.

De nombreuses dysfonctions neurologiques ont été identifiées chez les enfants nés de mères exposées durant la grossesse incluant un retard mental, des problèmes psychomoteurs, de l’ataxie cérébrale et des convulsions, des troubles neuropsychiatriques, notamment des troubles du sommeil, des problèmes d’anorexie ainsi que des comportements d’irritabilité, d’anxiété et d’agressivité.

Les principales fonctions touchées sont l’attention, la mémoire, l’apprentissage et le langage.

L’exposition postnatale pendant l’enfance peut aussi nuire au développement des capacités cognitives et neuropsychologiques. Les concentrations sanguines de ces toxines ont été associées à un quotient intellectuel inférieur, à des déficits d’attention spatiale et à des dysfonctions exécutives pouvant compromettre la performance académique des enfants. Des déficits comportementaux tels que l’inattention et l’impulsivité ont également été rapportés. Ainsi, les habiletés verbales telles que le vocabulaire et la lecture semblent particulièrement affectées. Plus précisément, une relation significative a été trouvée entre leur exposition et l’obtention d’un diagnostic du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité chez des enfants âgés de 4 à 15 ans.


Vulnérabilité des enfants


L’environnement auquel les enfants sont confrontés aujourd’hui inclut des dangers inconnus ou insoupçonnés il y a quelques décennies. Ils sont exposés aux risques de plus de 85.000 produits chimiques synthétiques, dont la plupart ont été mis au point depuis la seconde guerre mondiale.

Ces produits chimiques se trouvent le plus souvent dans la nourriture, les produits pour la maison et les pesticides mais seulement 43% ont fait l’objet de tests pour leur toxicité potentielle contre les humains, selon un rapport de l’Académie nationale des sciences (NAS). Et bien que l’on sache maintenant que les enfants sont particulièrement vulnérables aux produits chimiques dans l’environnement, seuls 7% de ces produits chimiques ont été étudiés pour évaluer leur toxicité potentielle pour les enfants.

Les enfants sont exposés de façon disproportionnée aux produits toxiques dans l’environnement. En proportion de poids, les enfants boivent plus d’eau, mangent plus de nourriture et respirent plus d’air que les adultes. Ainsi les enfants sont nettement plus exposés aux produits toxiques dans l’eau, la nourriture et l’air. Deux facteurs supplémentaires qui augmentent encore l’exposition des enfants sont leurs tendances naturelles à manger à la main et leurs jeux plus près du sol.

L’exposition prénatale est directement dépendante de l’exposition maternelle. Les contaminants qui se retrouvent dans l’organisme de la mère traversent la barrière placentaire pour ensuite atteindre le fœtus. Durant la période gestationnelle, certains contaminants qui s’étaient accumulés dans la matière osseuse de la mère, notamment certains métaux lourds, sont libérés dans sa circulation sanguine. Il est maintenant établi que l’exposition in utero peut causer des déficits chez l’enfant même lorsque la mère est asymptomatique durant la grossesse, indiquant une plus grande vulnérabilité du fœtus. Après la naissance, plusieurs contaminants auxquels la mère est exposée peuvent se transférer au bébé par l’allaitement.

Les passages métaboliques des enfants, en particulier durant les premiers mois après la naissance, sont immatures. La capacité des enfants à détoxifier et expulser les agents polluants est différente de celle des adultes. Dans de nombreux cas, les enfants sont moins capables que les adultes de gérer des produits toxiques.

Les enfants connaissent une croissance et un développement rapides, et ces processus sont facilement perturbés. Durant la vie de l’embryon et du fœtus ainsi que les premières années après la naissance, le cerveau d’un enfant, le système endocrinien, les organes reproducteurs, le système immunitaire et les organes respiratoires connaissent une croissance, un développement et une différentiation rapides. Si ces processus de développement sont perturbés par le plomb, le mercure, les solvants, les agents perturbateurs de l’endocrine et autres produits environnementaux il y a un fort risque de perturbation et cette perturbation est souvent irréversible.

Autisme


Désormais il y a suffisamment de preuves qui pointent vers le fait que les pesticides agricoles  parmi d’autres toxines environnementales  pourraient jouer un rôle important dans l’augmentation rapide du taux d’autisme au cours des dernières décennies.

Les produits chimiques soupçonnés d’endommager le cerveau et causer des traits autistiques comprennent :

Phtalates. Composé chimique avec du pétrole de longue durée utilisé pour améliorer ou accroître la flexibilité et la durabilité des matières plastiques. Une de ses utilisations les plus courantes est la transformation des matières plastiques dures en plastique souple, utilisé en grande partie dans la formule de cosmétiques et de produits de beauté et d’hygiène personnelle afin que le parfum reste imprégné dans les produits.

Bisphénol A. Il se trouve dans les revêtements de boîtes de nourriture, retardateurs de flammes bromés (présents dans les vieux ordinateurs, les téléviseurs et le rembourrage de mousse), solvants chlorés (utilisés dans l’industrie), le pesticide DDT et les pesticides organophosphorés.

Une autre preuve d’un lien entre ces produits chimiques environnementaux et le trouble du spectre autiste est montrée dans les produits chimiques pris pendant la grossesse, y compris la thalidomide, l’acide valproïque (médicament anticonvulsivant) et le misoprostol. Un lien a été aussi trouvé entre l’exposition prénatale à ces chlorpyriphos (organophosphate pesticide) et un risque accru de troubles généralisés du développement.

Lien entre grossesse, pesticides et autisme


D'après une étude de chercheurs de l'université Davis, Californie, publiée dans le journal Environmental Health Perspectives en juin 2014, une femme enceinte qui vit près d'une ferme utilisant ces produits chimiques a un risque 66% plus élevé de voir son enfant développer la maladie.

Les chercheurs ont confronté des données sur les utilisations de pesticides en Californie aux adresses de 1000 personnes. La loi en Californie requiert de préciser les types de pesticides pulvérisés, où, quand et dans quelles quantités. Ils ont constaté que plusieurs types de pesticides ont été plus couramment utilisés près des habitations où les enfants ont développé le syndrome de l'autisme ou ont eu des retards de développement. Environ un tiers des participants à l'étude vivaient dans un rayon de 1,25 à 1,75 kilomètre de l'endroit où les pesticides ont été utilisés.

Cette étude menée par le Mind Institute porte sur des familles avec des enfants âgés de 2 à 5 ans diagnostiqués avec l’autisme ou un retard de développement. Les chercheurs ont cartographié les lieux de vie, pendant la grossesse et au moment de la naissance.

L’analyse constate qu’un tiers des participants à l’étude vivait à proximité de sites d’application de pesticides. L’association entre l’exposition aux pesticides et le risque d’autisme est dépendante de cette proximité, et le risque d’avoir un enfant autiste augmente chez les mères vivant à proximité directe de ces sites. Les organophosphates sont associés à un risque élevé de troubles du spectre autistique, en particulier au cours du second trimestre de grossesse. Les pyréthrinoïdes sont également associés, mais plus modérément à des TSA, en particulier en cas d’exposition juste avant la conception et pendant le troisième trimestre de grossesse. Les carbamates sont associés à un retard de développement.

Les pesticides affectent la neurotransmission. Si certains sous-groupes semblent plus vulnérables à l’exposition à ces composés le message est très clair : les femmes enceintes doivent prendre des précautions spécifiques pour éviter tout contact avec des produits chimiques agricoles. Les résultats confirment que ces pesticides couramment utilisés sont neurotoxiques et constituent une menace neurotoxique, donc des retards de développement ou un risque d’autisme. L’explication est toujours la même, les synapses se développent dès le début de la grossesse, et les pesticides affectent leur développement et donc la neurotransmission.

Les chercheurs ont découvert que les risques d'autisme étaient d'autant plus élevés que le contact avec les pesticides se faisait au deuxième et au troisième trimestre de la grossesse. Le développement du cerveau du fœtus pourrait être particulièrement sensible aux pesticides.

Cette étude valide les résultats d'une recherche précédente qui avait constaté des liens entre le fait d'avoir un enfant autiste et l'exposition, pendant la grossesse, à des produits chimiques de l'agriculture en Californie. Le message est très clair : les femmes enceintes doivent faire attention à éviter tout contact avec les produits chimiques de l'agriculture.

Alimentation versus exposition. La recherche a aussi souligné l’importance de la nutrition de la mère pendant la grossesse, en particulier l’utilisation des vitamines prénatales pour réduire le risque d’avoir un enfant avec autisme.

L’étude est intéressante et ses résultats sont parfaitement transférables vers n’importe quel pays où les pesticides sont utilisés pour assurer le développement des cultures.

Des produits chimiques affectent le développement neurologique


Une étude réalisée par des chercheurs de la Harvard School of Public Health et l’École de médecine du Mont Sinaï, publiée dans la revue médicale The Lancet Neurology en  février 2014, insiste sur l’urgence et l’enjeu de développer une nouvelle stratégie globale de prévention afin de contrôler l'utilisation de ces substances.

Des produits chimiques pourraient être à l'origine de la hausse récemment constatée des troubles du développement chez l'enfant, préviennent des chercheurs américains.

L’autisme, le trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH), la dyslexie et d'autres troubles cognitifs, affectent des millions d'enfants à travers le monde, et certains diagnostics semblent augmenter en fréquence. Les produits chimiques industriels qui blessent le cerveau en développement sont parmi les causes connues de cette augmentation de la prévalence.

Dès 2006, de nombreux chercheurs avaient identifiés les produits chimiques industriels neurotoxiques en cause, dont le plomb, le méthylmercure, les polychlorobiphényles, l'arsenic et le toluène.

Dès cette annonce, des études épidémiologiques ont mis en évidence six développements neurotoxiques : le manganèse, le fluorure, le chlorpyriphos-éthyl, le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT, pesticides), le tétrachloroéthylène (solvant), et les polybromodiphényléthers (PBDE, retardateurs de flamme).

Cependant, les chercheurs annoncent dans cette nouvelle étude que beaucoup plus de neurotoxiques restent à découvrir. Pour contrôler la pandémie de la neurotoxicité développementale, les chercheurs proposent une stratégie globale de prévention.

Les produits chimiques non testés ne doivent pas être présumés sans danger pour le développement du cerveau, et des produits chimiques dans l'utilisation existante et tous les nouveaux produits chimiques doivent être testés pour la neurotoxicité développementale.

Afin de coordonner ces efforts et d’accélérer le transfert de la science en matière de prévention, les chercheurs proposent la formation urgente d'un nouveau centre d'échange international.

La plus grande préoccupation est le grand nombre d'enfants qui sont touchés par les dégâts toxiques pour le développement du cerveau en l'absence d'un diagnostic formel. Les produits chimiques industriels sont en train d'émerger comme des causes probables et les actions de santé publique deviennent impératives afin de lutter cette pandémie silencieuse. Reste que cette lutte est difficile en raison du manque de données pour guider la prévention et l'énorme quantité de preuves nécessaires pour la réglementation gouvernementale. Très peu de produits chimiques ont été réglementés en raison de la neurotoxicité développementale.

Les chercheurs déclarent qu’il s'agit d'un problème d'envergure internationale qui nécessite une solution internationale. Ils ont les moyens d’une mise en place pour tester les produits chimiques industriels pour des effets nocifs sur le développement du cerveau des enfants, il est maintenant temps de rendre ce dépistage obligatoire.

Dommages au système nerveux


Plusieurs facteurs expliquent pourquoi les expositions précoces au cours du développement accentuent la neurotoxicité. Le système gastro-intestinal du jeune enfant présente un plus haut niveau d’absorption favorisant l’entrée des contaminants dans l’organisme. L’efficacité de la barrière hémato-encéphalique est plus faible, facilitant l’accès des toxines au cerveau. Le système nerveux central en développement, lequel implique, entre autres processus, la migration cellulaire, la prolifération cellulaire et la synaptogenèse, est plus vulnérable à la toxicité.

Par exemple, pendant le développement du fœtus, certains produits chimiques peuvent empêcher que les cellules du cerveau forment les points de contact entre elles pour communiquer efficacement. D’autres produits chimiques peuvent avoir un impact direct sur le QI et causer des problèmes de comportement en modifiant les niveaux d’hormones qui sont vitales pour le bon développement du système nerveux fœtal. En ce sens, les perturbateurs endocriniens, qui visent à réglementer le système thyroïdien sont particulièrement intéressants pour les chercheurs.



L’exposition à des produits chimiques devrait devenir un problème de plus en plus sérieux dans les régions les moins développées car des industries dangereuses s’y installent, pour tirer parti de la mondialisation et échapper aux lois environnementales et sur le travail, plus strictes dans les pays développés. Le danger que ce processus pose aux communautés dans les pays les moins développés inclut non seulement l’augmentation de l’exposition quotidienne, mais aussi des accidents catastrophiques dans des usines de production.
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