dimanche 10 décembre 2017

Troubles du Comportement Chez l'Enfant et l'Adolescent



Manque d'attention, mauvaise performance à l'école, irritabilité ou abus de certaines 
substances sont des indicateurs de problèmes de comportement chez les mineurs

On appelle troubles du comportement chez l’enfant les symptômes psycho-pathologiques qui mettent en cause la relation actuelle de l’enfant avec son entourage.

Une action physique ou verbale socialement inacceptable devient le mode d'expression privilégié d'une personne. Il s'agit souvent d'une tentative d'affirmation socialement inadéquate. Ces troubles entraînent des conséquences allant de la simple gêne au danger pour celui qui les présente et pour les autres. Ils doivent parallèlement être décodés comme des manifestations des difficultés chez l’enfant ou l’adolescent.

Le trouble de comportement est souvent un moyen d'envoyer un message de souffrance ou d'inconfort. La vision et les réactions de l’entourage à l’égard de ces comportements problématiques influencent les réactions de ceux qui présentent ces troubles ainsi que leur manière de les régler.

Différents troubles mentaux importants tels que la dépression et des troubles des conduites alimentaires se développent souvent au cours de l'enfance et de l'adolescence. L’autisme et d’autres troubles se développent quant à eux exclusivement pendant l’enfance.

Les troubles comportementaux se distinguent de ces comportements normaux par le fait qu’ils sont plus fréquents et qu’ils causent des problèmes dans plusieurs aspects de la vie du jeune. Par exemple, le jeune ne s’attire pas seulement des ennuis à l’école et en famille, mais il éprouve des difficultés avec ses amis et ses camarades de classe.

Comme chez l'adulte, le caractère des enfants et des adolescents varie. Certains sont timides et réservés; d’autres sont socialement exubérants. Certains sont méthodiques et prudents; alors que d’autres sont impulsifs et négligents. La différence entre un enfant qui se comporte normalement et un enfant présentant un trouble est déterminée par la présence d'une déficience et d'une souffrance liées aux symptômes visibles.


Causes

Les enfants existent dans le contexte d’un système familial qui a un effet profond sur les symptômes et les comportements de l’enfant; un enfant normal vivant dans une famille touchée par la violence domestique et la toxicomanie peut, de prime abord, sembler souffrir d'une ou plusieurs pathologies psychiatriques.

Facteurs biologiques


Certains traits caractéristiques des troubles du comportement sont parfois héréditaires. Les enfants dont la famille a souffert de troubles comportementaux ou d’apprentissage, d’anxiété, de dépression ou d’une psychose bipolaire courent peut-être plus de risques de présenter des troubles du comportement.

Facteurs sociaux et environnementaux


Les enfants dont la famille est très stressée sont plus susceptibles de présenter des symptômes de trouble comportemental.

* difficultés financières;
* exposition à de la violence;
* séparation;
* parents sévères ou imprévisibles;
* supervision inconstante causée, par exemple, par les troubles mentaux du père ou de la mère ou par le fait de passer d’un foyer à l’autre, chacun ayant un style de supervision différent.

Facteurs psychologiques


Les enfants manifestant des troubles du comportement souffrent souvent d’autres troubles mentaux. La façon dont l’enfant gère ses émotions, son niveau d’activité et son attention peut indiquer sa vulnérabilité à certains troubles comportementaux.

Quelles circonstances sont à risque ?


Il n'y a pas besoin de circonstances particulières pour qu'un enfant devienne un adolescent dépressif. Un enfant replié, anxieux, évoluera plus vers une adolescence à problème qu'un enfant extraverti, turbulent, même si le second est souvent moins bon élève.

Toutefois un certain nombre d'événements et de traumatismes peuvent amener un enfant bien dans sa tête à la dépression ou aux troubles du comportement. Ce sont :

* les deuils, mal acceptés ou brutaux ;
* les divorces, quand ils se passent mal mais aussi quand l'enfant ne l'accepte pas ;
* les agressions physiques, coups, viols, racket ;
* les climats de mal être familial, le chômage, la violence conjugale, la dépression parentale, l'alcool, les drogues.


Symptômes

À quelques exceptions près, les symptômes des troubles mentaux ressemblent beaucoup aux sentiments communément ressentis par les enfants : tristesse, colère, méfiance, excitation, introversion et solitude. La différence entre un trouble et un sentiment normal est l’intensité de la perception, qui devient telle, qu’elle peut perturber les activités quotidiennes de l’enfant et provoquer une vraie souffrance.

Les parents doivent veiller à ce que les troubles de l'humeur gardent leur variabilité et durent peu. D'autres éléments doivent alerter les parents. Ces éléments peuvent être isolés ou présents à plusieurs. Ce sont :

* Un repli anormal : l'enfant reste dans sa chambre, ne sort plus ou peu, communique très peu.

* Des passions un peu obscures, envahissantes : il passe des heures ou des journées à lire des livres ésotériques ou à avoir des activités stériles ayant plutôt pour caractéristique de l'isoler du reste du monde.

* Une chute durable des performances scolaires.

* La dépression caractérisée par une dévalorisation, un repli, une tristesse, une absence de projection dans l'avenir, l'adolescent ne sait plus ce qu'il veut faire, il n'a pas de projet.

* Des accès violents, des fugues. Un tiers des adolescents violents ont subi ou subissent des violences. Cela concerne surtout les garçons, mais pas exclusivement.

* La perte de poids et les vomissements pas toujours visibles, qui doivent faire redouter une anorexie mentale chez la jeune fille.

* Les préoccupations somatiques excessives avec des consultations médicales augmentées sont un bon critère de mal être en particulier chez la jeune fille.

Il existe deux principaux types de troubles : le trouble oppositionnel avec provocation et le trouble des conduites.

Les symptômes dépendent du type de trouble du comportement dont souffre le jeune.

Les symptômes du trouble oppositionnel avec provocation comprennent la colère ou l’irritabilité, la tendance à argumenter ou à défier et la malveillance.

Les symptômes du trouble des conduites comportent l’attaque d’êtres humains et d’animaux, le vandalisme, le mensonge et le viol intentionnel du règlement.

Trouble oppositionnel avec provocation (TOP)


Le trouble d’opposition / provocation est caractérisé par une désobéissance quasi-généralisée. Face à une consigne qui lui déplaît, l’enfant peut alors montrer soit de l’opposition passive  semble acquiescer à la demande, mais omet volontairement d’y donner suite , soit de l’opposition active  l’enfant crie, frappe, lance les objets, ou confronte et défie par un “non” en regardant dans les yeux , soit de l’opposition dite passive-agressive  l’enfant semble se conformer à la demande de l’adulte, mais il blesse autrui ou brise “accidentellement” quelque chose en cours d’action .

Sans intervention, le trouble oppositionnel avec provocation peut évoluer en trouble des conduites, qui s’apparente davantage à de la délinquance  opposition aux règles de société, comportements qui violent les droits des autres, délits, agressivité physique, etc.

Contrairement aux enfants qui ont un trouble de déficit de l'attention / hyperactivité (TDAH) et qui oublient les consignes, les enfants qui ont un trouble oppositionnel sont parfaitement conscients de leurs comportements d'opposition, et ils refusent délibérément de se conformer aux demandes de l'adulte.

Au diagnostic, on devrait retrouver au moins quatre des symptômes suivants, présents pendant une durée d'au moins six mois :

* Se met souvent en colère,
* Conteste ce que disent les adultes,
* S’oppose activement ou refuse de se plier aux demandes ou aux règles des adultes,
* Embête les autres délibérément,
* Fait porter à autrui la responsabilité de ses mauvais comportements ou de ses erreurs,
* Facilement susceptible ou agacé,
* Souvent fâché, plein de ressentiment,
* Se montre souvent méchant ou vindicatif.

Dans l'enfance, un trouble d'opposition / provocation apparaît habituellement pour l'une des raisons suivantes :

* L'enfant n'est pas reconnu par ses parents dans ses besoins à lui, dans son individualité et dans sa recherche d'autonomie.
* L'enfant et ses parents n'ont pas réussi à établir un lien de confiance mutuelle.
* L'enfant a appris que l'opposition est payante (exemple: il reçoit davantage d'attention lorsqu'il s'oppose que lorsqu'il se conforme, ou encore il sait que s'il s'oppose il a des chances d'avoir gain de cause).
* Il y aurait aussi une composante génétique qui prédisposerait certains enfants à adopter des comportements d'opposition.

Trouble des conduites (TC)


Autrefois appelé “trouble du comportement”, le trouble des conduites est défini comme un ensemble de conduites répétitives et persistantes dans lesquelles sont bafoués soit les droits fondamentaux des autres, soit les normes ou les règles sociales correspondant à l’âge de l’enfant.

Sont présents 23 symptômes assez divers allant des accès de colère et de la désobéissance répétée, à la destruction de biens ou la violence physique. Ces comportements sont reconnus en tant que trouble dès lors qu’ils deviennent dérangeants pour l’individu et son entourage.

En moyenne, les deux tiers des enfants diagnostiqués (trouble à début précoce) le sont toujours à l’adolescence. Certains facteurs favorisant la chronicité du trouble ont été identifiés, tels qu’un âge de début précoce, le genre masculin, un bas niveau d’intelligence, une co-morbidité avec un TDAH, la déstructuration de la cellule familiale ou des comportements antisociaux chez les parents.

Parmi les facteurs de risque pour le développement d’un trouble des conduites, ont pu être identifiés des facteurs congénitaux et la perturbation du développement neurologique, mais aussi des facteurs périnatals tels que le rejet maternel, l’exposition aux drogues et la prématurité du bébé, qui contribuent à une vulnérabilité. Les violences familiales notamment précoces sont des facteurs de risques importants qui viennent perturber la mise en place dans la prime enfance d’une régulation émotionnelle souple.


Diagnostic


C’est un spécialiste de la santé mentale expérimenté  habituellement un psychiatre ou un psychologue  qui diagnostique les troubles du comportement après avoir procédé à une évaluation approfondie.

Ce spécialiste discutera avec les parents, avec le jeune, voire avec les professeurs de l’enfant. Il tiendra compte des antécédents médicaux et familiaux de l’enfant et examinera tous les facteurs pouvant influencer son comportement, dont les éléments suivants :


* tout autre problème mental;
* difficultés d’apprentissage;
* facteurs de stress pour la famille.

Le psychiatre ou le psychologue peut prendre plusieurs rendez-vous pour recueillir les données dont il a besoin.

Dans de nombreux cas, le développement et les problèmes de comportement (p. ex., mauvais résultats scolaires, retard d'acquisition du langage, déficits des compétences sociales) sont difficiles à distinguer de ceux qui sont liés à un trouble mental. Dans de tels cas, des tests développementaux et neuropsychologiques standardisés doivent être effectués dans le cadre du processus d'évaluation.

Traitement


Psychothérapie. Entreprendre une psychothérapie avec un psychologue signifie se mettre à l'écoute de soi, à l'aide d'une personne compétente. Une fois la problématique évaluée, les échanges sont orientés vers des objectifs convenus entre le psychologue et l’adolescent. Les sujets abordés sont axés sur la vie personnelle, le mode de fonctionnement et les difficultés ressenties. La psychothérapie ne se résume pas qu'à de l'écoute active. Les interventions du psychologue visent à élargir le champ des solutions de l’adolescent. Il pose des questions, l'aide à éclaircir et à préciser ses émotions et sa perception des événements.

Guidance parentale. Ce type de suivi, offert aux parents, leur permet de prendre un recul face à ce qu’ils vivent, de mettre en place des attitudes et des comportements favorisant une meilleure réponse aux besoins des enfants, une plus grande sensibilité par rapport à leur vécu et parfois des stratégies éducatives plus efficaces. Il s’agit d’une intervention visant à outiller les parents en regard des comportements de leur enfant.

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Recherche


Être agressif entraîne une détérioration de la mémoire et de la fonction cognitive à moyen terme

Une étude menée par des scientifiques des National Institutes of Health (NIH) aux Etats-Unis, publiée dans la revue Neurology en mars 2016, a déterminé que les jeunes qui ont des attitudes hostiles et agressives et qui ne savent pas gérer le stress quotidien peuvent avoir des problèmes de mémoire à l'âge adulte.

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont compté sur la participation de 3126 personnes à deux stades de leur vie : d'abord à 25 ans puis à 50 ans. Dans les deux cas, les volontaires ont répondu à une question sur leur personnalité, leur attitude et leurs capacités pour faire face au stress. En outre, ils ont subi des tests pour mesurer leurs capacités cognitives et de mémoire.

Avec les données sur leur personnalité, les chercheurs ont mesuré les niveaux d'hostilité des participants, puisque les questions étaient conçues pour évaluer la méfiance, le comportement agressif ou les sentiments négatifs associés aux relations sociales. Selon les résultats du questionnaire, les volontaires ont été divisés en 4 groupes du plus haut au plus bas niveau d'hostilité.

Après avoir analysé les tests cognitifs des volontaires âgés de 50 ans, il a été démontré que les personnes les plus agressives et les plus hostiles étaient les moins bien notées dans tous les tests comparés à leurs résultats à l'âge de 25 ans.

Ces résultats ne prouvent pas que les attitudes hostiles entraînent une détérioration de la mémoire et de la pensée, mais indiquent une association. Les chercheurs ont constaté que l'effet d'avoir une attitude hostile et de faibles capacités d'adaptation était similaire à l'effet de plus d'une décennie du vieillissement.


Troubles du comportement : des modifications visibles dans le cerveau des adolescents

Selon une étude de l’Université de Cambridge et de Southampton (Grande-Bretagne), en collaboration avec l’Université de Rome Tor Vergata (Italie), publiée dans le Journal of Child Psychology and Psychiatry en juin 2016, le cerveau des adolescents présentant un comportement antisocial aurait une structure différente, ce qui suggère que ce trouble psychique dérive de modifications cérébrales apparues au cours du développement précoce.

Dans ces travaux, les chercheurs ont étudié le cerveau de 95 adolescents et jeunes adultes de 13 à 21 ans présentant des troubles de la conduite, ainsi que le cerveau de 32 jeunes hommes sans troubles comportementaux.

Ils ont réalisé des imageries par résonnance magnétique (IRM) de leur cerveau, et les ont comparées aux IRM de 57 garçons du même âge, sans trouble du comportement.

Régions frontale et temporale, les plus affectées


Résultat : l'épaisseur corticale varie plus fortement chez les participants sujets aux troubles des conduites. Le nombre de connexions entre neurones est par ailleurs nettement plus élevé chez ces garçons, notamment au niveau du cortex frontal et temporal.

Dans le groupe des jeunes exprimant des troubles des conduites, la variation de l'épaisseur corticale est plus marquée chez les garçons souffrant de ces troubles depuis l'enfance que chez ceux les ayant développés à l'adolescence.

L'étude fournit de nouvelles preuves de différences quantitatives dans l'organisation structurale du cerveau pour les enfants et les adolescents atteints de troubles des conduites, et soutient l'hypothèse que ces troubles possèdent des origines neurodéveloppementales.


Guide de pratique clinique NICE pour les enfants et adolescents souffrant de conduites déviantes et antisociales

Le National Institute for Health and Care Excellence (NICE) au Royaume-Uni a publié en mars 2013 ce premier guide à l’intention des cliniciens. Ce guide couvre principalement le diagnostic, le traitement et la gestion des comportements antisociaux et des troubles de conduite chez les enfants et adolescents.

Les auteurs de ce guide estiment qu’environ la moitié des jeunes personnes affectées par un trouble de conduite déviante souffriront d’un problème de santé mentale sérieux à l’âge adulte. De plus, la vie familiale avec ces enfants peut s’avérer très difficile, de même que la réussite scolaire. Des problèmes de consommation, drogues, alcool de même que des problèmes avec la justice sont aussi courants chez ces jeunes.

Les enfants qui souffrent de ce trouble sont plus susceptibles de développer un trouble de santé mentale et, dans près de la moitié des cas, un trouble de la personnalité antisociale persiste à l’âge adulte.

Les priorités de ce guide sont :

* L’évaluation initiale d’enfants et adolescents ayant possiblement un trouble de conduite
* Évaluation globale de cette clientèle
* Programmes pour les parents
* Programmes pour les familles d’accueil/autres
* Programmes centrés sur les enfants
* Interventions multimodales
* Interventions pharmacologiques
* Amélioration de l’accès aux services

L’une des recommandations principales concerne l’importance pour les parents de ces enfants, d’adopter une approche qui mise surtout l’encouragement des comportements adéquats plutôt que sur la punition. Il est aussi suggéré d’éviter l’utilisation du mot “non” qui peut être une motivation de mauvais comportements chez les enfants sujets à ce trouble.

En plus du guide, NICE a développé un Questionnaire de Capacité et de Difficultés pour son utilisation lors de l'évaluation initiale d'un enfant ou d'un jeune avec un trouble de conduite suspecté, ainsi qu'un outil en ligne intéressant, qui agit comme arbre de décision, pour faciliter la tâche du professionnel de santé lors de l'évaluation et de la gestion de ce problème, qui peut être trouvé dans le lien suivant :

Les auteurs recommandent aussi de vérifier la présence d’autres facteurs, par exemple :

* Un problème coexistant de santé mentale (dépression, stress post-traumatique).
* Une condition neurodéveloppementale (TDAH, autisme).
* Un trouble ou des difficultés d’apprentissage.
* Consommation de drogues ou alcool.

Pour accéder gratuitement au guide NICE en format pdf :




Le trouble du comportement offre des possibilités de prévention favorables, car il peut être détecté tôt et raisonnablement bien, l'intervention précoce est plus efficace que retardée et il existe plusieurs interventions efficaces. Un traitement opportun offre une opportunité considérable d'amélioration dans le présent et un espoir de succès dans le futur. On en sait beaucoup sur les facteurs de risque du trouble du comportement et les traitements efficaces qui existent. Le défi consiste à les rendre possibles à grande échelle et à développer des approches de prévention efficaces et pouvant être mises en œuvre au niveau communautaire.


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