mercredi 31 août 2016

Allaitement et Développement Cérébral





L’allaitement est l’une des meilleures façons d’assurer la santé du nouveau-né, d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon cette entité, l’allaitement maternel sauve 1,5 millions de vies chaque année.

Le lait maternel


Le lait maternel est un aliment vivant et frais qui passe de la mère à l’enfant, sans intermédiaire. Il est parfaitement adapté aux besoins de l’enfant : il stimule son développement physique et intellectuel et contribue à la maturation de son système digestif et de son système immunitaire. Chaque mère produit un lait adapté aux besoins de son enfant.

Il est très facile à digérer grâce à toutes les enzymes actives non allergènes qu’il contient, et grâce à ses protéines parfaitement absorbées par l’enfant. Il fournit la quantité de minéraux et de vitamines nécessaires au bébé sans nuire à ses reins. Il fournit également tous les types de gras dont l’enfant a besoin : acides gras oméga-3 et autres acides gras essentiels, qui contribuent au développement du cerveau du bébé et de sa vision.

Riche en anticorps à la naissance de l'enfant, le lait maternel voit sa composition évoluer un mois après afin de s'adapter à ses besoins. Il contient 200 molécules de sucre : vitamines, immunoglobulines, oligosaccharides.

Les molécules de sucre prennent différentes formes et servent à renforcer l'immunité, stimuler la croissance et façonner le microbiote intestinal de l'enfant. La première fonction du lait maternel est de favoriser la colonisation de l'intestin par des bactéries capables de digérer les molécules de sucre. Les nourrissons naissent sans bactérie dans leurs intestins, mais en quelques jours, ils en possèdent des millions, et une semaine seulement après leur naissance, des milliards.

Les composants nutritifs favorisant la neurogénèse et la pousse dendritique


Les glucides


Parmi les glucides (ou sucres), on en trouve plusieurs types selon le nombre de sucres simples accrochés les uns au autres.

Lactose. Le lait humain est l’un des plus riches en lactose, particulièrement utile pour le développement du tissu cérébral.

Oligosaccharides ou oligosides. Le lait des premiers jours  colostrum  est plus riche en oligosides que le lait mature, ce qui correspond aux besoins plus importants du nourrisson pour la maturation cérébrale.

Les lipides


Un acide gras, est un acide carboxylique dont la chaîne carbonée est très longue. Parmi les graisses essentielles pour le cerveau : l’acide arachidonique, le DHA (acide docosahexaénoïque) et le cholestérol.

Le cholestérol. Il joue un rôle dans le développement cérébral notamment la myélinisation  et l’intégrité membranaire.

L’acide arachidonique et le DHA sont des molécules très concentrées dans les membranes cellulaires de la rétine et du cerveau, elles s’y accumulent très rapidement pendant la période de développement cérébral.

Globalement, le lait artificiel ne contient pas de DHA mais contient des précurseurs. Encore faut-il que les enzymes qui les transforment en DHA soient actifs chez le nourrisson.

Les protéines


Peu riche en protéines, car le cerveau humain a surtout besoin de sucres, mais leur qualité est spéciale.

Taurine. Acide aminé constituant les protéines est en grande proportion, il joue un rôle important dans la construction du cerveau et le fonctionnement des cellules cérébrales.

Leptine. Est une protéine composée de 167 acides aminés, elle régule les réserves de graisses, joue sur l’appétit en contrôlant la satiété; il a été  montré qu’elle est aussi impliquée dans la régulation de la fonction cognitive en influençant le mécanisme mis en jeu lors de l’apprentissage et la mémoire.

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Depuis les années 70 la recherche médicale a fait de très grands progrès. On a vu se multiplier des études biochimiques sur la composition du lait maternel et sur les effets (in vivo et in vitro) de tel ou tel de ses composants, études épidémiologiques (rétrospectives et de suivi), études cliniques, etc. La recherche en matière d'allaitement a également bénéficié des recherches et découvertes en matière d'immunologie, hormonologie, étude des maladies infectieuses, étude des mécanismes de l'allergie, etc.

Les études les concernant sont très nombreuses, et aboutissent toutes à la même conclusion : la mortalité et la morbidité sont bien moindres chez les bébés allaités. Ces derniers risquent 10 fois moins d'être hospitalisés pour une quelconque infection bactérienne sévère, et 4 fois moins de présenter une bactériémie ou une méningite. La différence est particulièrement dramatique dans les pays pauvres où les maladies infectieuses sont responsables de l'immense majorité des morts infantiles.

L'allaitement maternel aiderait le développement du cerveau de bébé


Des chercheurs de la Brown University (Etats-Unis), dans une étude publiée dans la revue NeuroImage en juin 2013, ont découvert que l'allaitement maternel permettait un meilleur développement du cerveau qu'avec du lait de synthèse.

Les chercheurs ont utilisé une forme d'Imagerie à résonance magnétique (IRM) adaptée aux enfants, afin d'observer la croissance du cerveau de 133 bébés âgés de 10 mois à 4 ans pendant leur sommeil. Auparavant, les enfants avaient été séparés en trois groupes: ceux dont les mamans déclaraient les avoir nourris au sein pendant les trois derniers mois; ceux dont les mamans alternaient lait artificiel et lait naturel; et ceux uniquement nourris au lait artificiel.

Les scientifiques ont particulièrement observé le développement de la substance blanche dans le cerveau des enfants. Au sein du système nerveux, c'est elle qui relie les différentes parties de la substance grise, où se situent les neurones. Ainsi, plus la substance blanche est développée, plus les connexions cérébrales se font rapidement.

Les enfants uniquement nourris au lait maternel bénéficiaient d'une croissance en substance blanche bien plus élevée que ceux nourris alternativement de lait artificiel et de lait maternel, qui eux-mêmes présentaient des résultats supérieurs aux bébés seulement nourris au lait de synthèse. La différence de développement de cette substance entre les bébés uniquement nourris au lait naturel et ceux uniquement nourris au lait artificiel était même de 20 à 30%.

Les principales zones cérébrales concernées par cette croissance plus rapide de la substance blanche furent celles du langage, des émotions et de la connaissance. Des observations confirmées par une série de tests de comportement effectués en aval par les chercheurs.

Contraste entre un enfant de 1 an (à gauche) et un enfant de 3 ans (à droite).
La zone de couleur, représentant la substance blanche, est bien plus développée.

Les enfants les plus âgés ont été dissociés des plus jeunes afin de comprendre équitablement l'augmentation du taux de substance blanche dans chaque groupe, qui est différente en fonction de l'âge.

Examiner séparément les enfants les plus âgés et les plus jeunes permet aussi de comprendre à partir de quel âge se creuse le fossé dans le développement de la substance blanche. Les différences peuvent se creuser quasiment dès les premiers instants de la vie.

Les chercheurs ont aussi étudié les contrastes sur le long terme en comparant les enfants nourris au lait maternel depuis plus d'un an et ceux suivant le même régime mais seulement depuis trois mois. Les écarts de croissance du cerveau étaient largement à l'avantage des bébés nourris au lait maternel depuis un an.


Le lait maternel favorise le développement du cerveau des bébés prématurés


Selon une étude présentée par des chercheurs de l'université de Washington à la réunion annuelle de la Pediatric Academic Societies à Baltimore (Etats-Unis) et publiée sur le site Eurekarlet en avril 2016, les bébés prématurés nourris pour moitié au lait maternel auraient un cerveau mieux formé et développé que les autres.


La prématurité est une des causes majeures des problèmes neurologiques chez les enfants et est souvent liée à des troubles psychiatriques plus tard. Les chercheurs ont suivi 77 nourrissons prématurés (d'au moins 10 semaines) à travers leurs premières années de vie pour voir comment ils grandissaient, en se concentrant sur leur développement moteur, cognitif et social par IRM. Ils ont aussi analysé si l'alimentation au lait maternel a modifié ou pas le développement du cerveau.

Les scientifiques ont constaté que les bébés prématurés dont l'alimentation quotidienne était d'au moins 50% de lait maternel avaient un tissu cérébral et un cortex plus développés en volume que les bébés prématurés qui avaient reçu moins de lait maternel, au même âge.

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Le lait maternel est bénéfique pour le cerveau


Le cerveau des bébés nourris au sein se développe plus vite que celui de ceux nourris au lait en poudre. Les enfants allaités seraient légèrement plus précoces que les autres, pour le langage à l’âge de 2 ans et sur le plan psychomoteur à 3 ans. Le lait maternel est très riche en acides gras essentiels, oméga 3 et oméga 6, indispensables au développement cérébral. Ces acides gras sont de bonne qualité et très bien assimilés par l’enfant. Plus l’allaitement est long, plus il est profitable.

Selon une étude Israélienne le lait maternel permettrait de prévenir le développement de l’hyperactivité chez l’enfant. Les chercheurs supposent que cet effet serait dû, soit à la composition même du lait maternel, soit au lien tissé entre la mère et son enfant pendant la période d’allaitement.

Renforce l’immunité du nourrisson


Le lait maternel a pour fonction de poser les premières pierres du système immunitaire du nouveau-né. Dès sa naissance, le lait est riche en anticorps et en molécules ralentissant la croissance de bactéries nocives et coordonnant l'activité des globules blancs. Après un mois, le niveau d'anticorps maternels baisse de plus de 90%, probablement car l'enfant commence à développer son propre système immunitaire. Le lait humain contient des protéines spécifiques  qui anéantissent certaines bactéries et transportent le fer.

Plusieurs études épidémiologiques ont démontré un effet protecteur de l’allaitement maternel sur les infections digestives (vomissement, diarrhées) ou respiratoires (rhinites, otites) dans la petite enfance et sur certaines allergies. L’allaitement préviendrait par exemple l’asthme sous réserve qu’il soit exclusif et prolongé au moins de 4 mois. Les enfants allaités au sein seraient aussi moins exposés au risque d’obésité pendant l’enfance et l’adolescence. Ce phénomène s’explique par le fait que dans le cas d’un allaitement au sein, l’enfant est le plus souvent nourri à la demande. Il apprend donc à auto réguler son alimentation plus tôt que l’enfant nourri au biberon. Les enfants allaités auraient aussi moins tendance à avoir de diabète.

Des bénéfices pour la mère


L’allaitement réduit le risque d’hémorragie après l’accouchement; il diminue les probabilités que la mère souffre d’anémie (en retardant le retour de ses menstruations) et il réduit le besoin d’insuline des femmes diabétiques. À long terme, il diminue aussi le risque de souffrir d’ostéoporose, d’un cancer du sein, de l’ovaire ou de l’utérus. Enfin, il agit sur le plan hormonal et abaisse le niveau de stress de la maman.

La perte de poids se révèle plus rapide au cours des six mois qui suivent l’accouchement. L’allaitement permet de perdre plus facilement les kilos en puisant dans les graisses accumulées au cours de la grossesse.

Sur le plan psychoaffectif, l’allaitement maternel joue un rôle important dans l’épanouissement, voire la santé mentale, de la mère. Comme le souligne l’Organisation Mondiale de la Santé, l’allaitement maternel permet de nouer des liens physiques et émotionnels uniques, bénéfiques pour la santé à la fois de la mère et de l’enfant. Ce corps à corps permet à la mère de s’instaurer dans son rôle de mère.

Durée de l’allaitement


L’Organisation mondiale de la Santé, l’UNICEF et la Société canadienne de pédiatrie recommandent de ne nourrir les bébés que de lait maternel les 6 premiers mois de leur vie. L’allaitement peut ensuite se poursuivre pendant 2 ans et au-delà, si on intègre aussi dans le régime du bébé des aliments complémentaires.

Les effets bénéfiques de l’allaitement sur la santé de la mère et sur celle de l’enfant sont liés à sa durée et à son exclusivité : plus la durée de l’allaitement est longue (en nombre de mois) et plus il est exclusif (enfant nourri au sein seulement), plus ses effets bénéfiques sont importants. Cela explique pourquoi on recommande si fortement d’allaiter exclusivement le bébé pendant les 6 premiers mois de sa vie.

L'allaitement et le travail  Extraire et conserver son lait maternel


Durant les premiers mois qui suivent la naissance, l'allaitement maternel joue un rôle primordial dans le développement harmonieux du nouveau-né. Cependant, il n'est pas toujours possible pour la nouvelle maman de répondre quotidiennement, et à chaque fois que nécessaire, à cette exigence. Différentes circonstances peuvent éloigner temporairement la mère de son bébé, compliquer périodiquement la tétée, ou encore rendre momentanément le lait impropre à la consommation. En prévision de ce genre de situations, les nouvelles mamans peuvent opter pour une solution alternative, à mi-chemin entre allaitements naturel et artificiel : tirer leur lait et le conserver.

Il est préférable de commencer à stocker le lait quatre ou cinq jours avant la date à laquelle il sera nécessaire de se séparer du bébé, afin d’éviter le stress.

Le lait maternel est un produit très stable, qui se conserve très bien. Étant un aliment frais et vivant, il convient de bien se laver les mains et le matériel avant le recueil pour éviter toute contamination.

Conservation du lait maternel


* Se laver les mains avant de manipuler ou exprimer.

* Utiliser des contenants bien lavés et stérilisés.

* Maintenir la chaîne du froid aussi longtemps que possible.

* Congeler convenablement le lait qui ne va pas être utilisé.

* Garder le lait en petites quantités (50-100 ml) pour pouvoir décongeler uniquement ce que l’enfant a besoin à chaque prise.

* Étiqueter les contenants de lait avec la date et l'heure d’expression de manière à décongeler toujours le lait le plus vieux.

* Une fois décongelée, remuer le lait pour l’homogénéiser.

Transport du lait


Le placer dans un contenant isotherme avec un pain de glace. Le trajet ne doit pas durer plus d'une heure et, une fois à destination, mettre le lait immédiatement au réfrigérateur.

Décongeler et chauffer le lait


Le lait non-réchauffé doit être consommé dans l'heure qui suit sa sortie du réfrigérateur ; s'il a été chauffé, il doit être consommé dans les 30 minutes. Il faut éviter de remettre au frais du lait qui a déjà été réchauffé une fois.

Durée de conservation


* À la température ambiante, jusqu'à 6 heures
* Au réfrigérateur, jusqu'à 3 jours environ
* Au congélateur, jusqu'à 3 mois environ
* Dans un congélateur coffre, jusqu'à 6 mois environ



Des procédures telles que l’extraction, le stockage et le chauffage du lait maternel, qui déjà ne provient pas de la poitrine et les ustensiles utilisés pourraient changer une des principales caractéristiques bénéfiques du lait maternel : sa stérilité.

Si les tire-lait, téterelles, flacons, cuillères, verres et autres ustensiles utilisés pour l’alimentation du bébé ne sont pas stérilisés, des infections gastro-intestinales, pharyngite, laryngite, et même des affections buccales pourraient apparaître. Ces situations peuvent causer des dommages graves pour la santé du bébé.


"Si chaque enfant était mis au sein dans l’heure qui suit la naissance, si on ne lui donnait que du lait maternel pendant les six premiers mois et si l’allaitement maternel était maintenu jusqu’à l’âge de deux ans, on sauverait près de 800.000 vies d’enfants chaque année", écrit sur son site l'Organisation Mondiale de la Santé, qui promeut activement ce mode d'alimentation au niveau mondial.













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